Malades de longue durée: vers une une plateforme d'échanges numériques entre généralistes et médecins du travail ?

L'association flamande de généralistes Domus Medica, l'ABSyM et le Service externe de prévention et de protection au travail Mensura plaident en faveur de la création d’une plateforme d'échanges numériques entre généralistes et médecins du travail. Cela faciliterait le déploiement du concept de la "fit note" dans des professions dont les agendas sont déjà bien chargés.

La « fit note », appelée de ses voeux par le patronat flamand, serait un certificat non plus d’incapacité mais d'aptitude : le médecin détaillerait ce qu’un travailleur malade de longue durée est encore en état de faire. Une bonne idée, selon les deux organisations, mais qu’une « plateforme informatique d’échanges doit rendre administrativement faisable et efficace ».

Frank Vandenbroucke (Vooruit), ministre fédéral de la Santé publique, s’était montré favorable à ce changement de logique incapacité/aptitudes en commission des Affaires sociales, le 6 octobre. Et la Vivaldi, début de semaine, a confirmé avec l’accord budgétaire son intention prendre à bras le corps la réforme de la réintégration des travailleurs en absence maladie prolongée. Pour les fonctionnaires, le système de l’énumération des possibilités résiduelles de travail sur le certificat de maladie existe depuis un certain temps. Désormais il concernerait tous les employés. « Nous ne devons pas réduire les malades de longue durée à leur maladie ou à leur état. Ceux qui sont encore capables d'exercer une certaine activité en ressentent les effets positifs », explique le Dr Van Giel, président de Domus Medica.

Les certificats d’aptitude seraient en théorie rédigés par le médecin généraliste. Toutefois, selon Mensura et Domus Medica, ce n'est pas la bonne solution. « Le professionnel le mieux placé pour se prononcer sur les possibilités de reprise d'une personne souffrant d'une maladie de longue durée est le médecin du travail », affirme la médecin directrice générale de Mensura.  En effet, « c'est lui qui connaît le mieux le lieu de travail de l’intéressé et les risques qu’il comporte, ce qui permet de procéder à une évaluation responsable. » Elle n’ajoute pas moins qu’un dialogue entre le médecin de famille et le médecin du travail à propos de ces possibilités est indispensable.

Au diapason à ce propos, les trois organisations redoutent pourtant la couche supplémentaire de travail administratif inhérente à cette évolution. Roel Van Giel et Gilbert Bejanni : "tant les MG que les médecins du travail sont déjà surchargés. Sans un échange fluide d’infos entre ces deux catégories de médecins, tout le processus de réintégration risque d'être retardé. Ce qui n'est certainement pas le but recherché. » Du côté de Mensura, on ajoute qu'il est difficile de croire qu'en 2021, tous les médecins impliqués dans le processus de réintégration au travail ne disposent pas d'un canal pour échanger des informations entre eux. « Un outil moderne d'information et d'échange (...) est un pas important dans la lutte contre les absences de longue durée. »

Rien de nouveau

L’idée d’intensifier la communication entre MG, médecins du travail mais aussi médecins-conseils n’est pas neuve. Par exemple, c’était l’une des conclusions majeures ayant émergé d’un séminaire sur la réintégration professionnelle tenu il y a 2 ans par les MLOZ, les mutualités libres. Thomas Orban et François Perl, alors respectivement président de la SSMG et directeur général du service indemnités à l’Inami, s’accordaient à dire qu’il est compliqué d’accompagner correctement le patient sans un bon outil de communication entre ces trois acteurs clefs. Rappelons que des circuits existants comme le Réseau santé wallon ou bruxellois ne se prêtent pas à ces échanges. En effet, s’inscrivant dans le cadre d’un partage de données au service de la continuité des soins, ils connectent des prestataires qui soignent le même patient. Les médecins du travail et conseils y sont, sous cette casquette-là, non grata.

Autre constat évoqué lors du débat : il faut mieux informer les médecins traitants qui ne connaissent pas toujours bien la réglementation dans le domaine de la reprise à temps partiel.

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