Les principaux syndicats médicaux rejettent fermement le projet du ministre Frank Vandenbroucke de conditionner leur subvention au taux de médecins conventionnés parmi leurs affiliés. Pour eux, il s’agit d’une atteinte directe à leur indépendance. Le message est unanime : aucun médecin ne peut être contraint de se conformer à la politique gouvernementale.
À la mi-avril, l’ABSyM et le Cartel avaient encore transmis une note de négociation conjointe sur la réforme du système de conventionnement au cabinet Vandenbroucke. Restée sans réponse, cette note n’a pas été rendue publique. Une décision regrettée par les syndicats, car le document résume clairement leurs priorités fondamentales.
Les syndicats y réaffirment notamment le droit inaliénable pour chaque médecin de choisir librement de se conventionner ou non. Ce principe est considéré comme un pilier du modèle de concertation belge. Tous les médecins doivent en outre bénéficier du même remboursement et du même soutien, quelle que soit leur situation conventionnelle.
Ils estiment également qu’une réforme structurelle du système ne peut avoir lieu sans une révision préalable et approfondie de la nomenclature. Et de prévenir le ministre : « Nos positions fondées sur des arguments de fond doivent être réellement prises en compte dans le processus de réforme. »
Une « anomalie totale »
Jeudi dernier, le Cartel a rompu la confidentialité initialement convenue en communiquant ouvertement avec ses membres, estimant que la fuite du plan dans Medi-Sphere rendait cette discrétion caduque. Il qualifie la proposition du ministre d’« anomalie totale ». La subvention publique sert, selon lui, à couvrir une partie des frais — très insuffisamment — engagés par les mandataires syndicaux dans les instances officielles.
« On attend de nos représentants qu’ils adoptent une position critique et indépendante à l’égard des autorités, et non qu’ils acquiescent aveuglément. Il est incohérent d’exiger leur indépendance tout en conditionnant leur financement à l’alignement de leurs membres sur les décisions gouvernementales », dénonce le syndicat.
Tester la volonté d’action
Le même jour, l’ABSyM a également publié une série de « lignes rouges » à ne pas franchir, fustigeant une volonté d’imposer une « médecine d’État ». Le syndicat réitère les principes de la note conjointe, mais va plus loin en s’opposant désormais à l’extension du statut d’intervention majorée à 3,4 millions de Belges, comme le recommande la Commission des objectifs de soins de santé.
Fait nouveau : une consultation est lancée auprès des membres pour évaluer leur disposition à l’action si ces lignes venaient à être franchies. Plusieurs formes de mobilisation sont proposées : affichage de tracts en cabinet, publications sur les réseaux sociaux, voire une forme de grève.
Un principe non négociable
Le Groupement belge des omnipraticiens (GBO), également partenaire du Cartel, avait déjà vivement réagi plus tôt dans la semaine. « Nous ne sommes pas à vendre », affirmait le syndicat, dénonçant une forme de pression politique incompatible avec l’indépendance syndicale, qu’il juge non négociable.
Le GBO a cité pour l’occasion la célèbre maxime de Benjamin Franklin : « Ceux qui abandonnent une liberté essentielle pour obtenir une sécurité temporaire ne méritent ni liberté ni sécurité. »
Le syndicat rappelle enfin que la subvention syndicale n’est pas un privilège, mais une juste rémunération pour le travail fourni dans les instances de concertation. Il s’oppose dès lors à toute forme de financement lié à des résultats ou à des objectifs politiques. Pour eux, seule une négociation équilibrée peut conduire à une adhésion accrue au régime conventionné.
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