Soins trans : les généralistes appelés en renfort des centres spécialisés

Au-delà des centres d'accompagnement des transidentités, un maillage territorial avec des professionnels de la santé formés à la transidentité est nécessaire pour soutenir au mieux les personnes transgenres, plaide Prisme, la fédération wallonne LGBTQIA+. "Un médecin généraliste qui est informé et formé pourrait prendre en charge les traitements hormonaux. Ça permettrait d'étendre ce maillage et cette offre, sans avoir des temps d'attente importants en passant par les centres spécialisés", défend Erynn Robert.

Depuis le 1er janvier, la Belgique compte six centres d'accompagnement des transidentités, au lieu de deux auparavant. Leur reconnaissance par l'Inami ouvre la voie à un remboursement des prestations offertes, qu'il s'agisse d'un accompagnement psychosocial, d'un traitement hormonal ou d'opérations chirurgicales. Avant la reconnaissance des quatre nouveaux centres par l'Inami, les délais de prise en charge s'étendaient sur plusieurs années. Quelques mois après l'ajout des sites supplémentaires, il est encore trop tôt pour tirer un bilan.

Si la fédération Prisme salue cette extension, qui répond à une demande croissante d'accompagnement, elle plaide pour qu'en parallèle, se développe un maillage territorial, permettant aux personnes trans d'être prises en charge près de chez elles. Pour Erynn Robert, coordinateurice de Prisme, centres spécialisés et réseau de proximité répondent à des besoins différents des personnes transgenres. Ainsi, certaines désirent une opération chirurgicale tandis que d'autres souhaitent uniquement un traitement hormonal.

"Un médecin généraliste qui est informé et formé pourrait prendre en charge les traitements hormonaux. Ça permettrait d'étendre ce maillage et cette offre, sans avoir des temps d'attente importants en passant par les centres spécialisés", défend Erynn Robert. "Les centres spécialisés resteraient réservés aux personnes qui ont vraiment besoin de services plus spécifiques, comme des chirurgies plus lourdes."

Pour l'instant, seuls les centres reconnus ouvrent l'accès à un remboursement de l'Inami, essentiel alors que les opérations les plus lourdes coûtent au-delà de 10.000 euros. Le problème, pour Prisme, est que cela concentre l'expertise médicale. "Pour nous, ce serait plus intéressant qu'il y ait une variété d'expertises et d'échanges de savoirs, avec une prise en compte des différents parcours de vie et un contact avec une patientèle assez large", poursuit Erynn Robert.

La fédération Prisme plaide également pour simplifier l'accès aux traitements hormonaux pour les personnes transgenres. Pour l'instant, il est possible d'obtenir un traitement dit féminisant auprès de son médecin généraliste et d'être remboursé. "Pour les traitements masculinisants, il faut d'abord passer chez un ou une endocrinologue. Pour faciliter les choses, c'est bien aussi d'avoir une attestation psychologique", explique Erynn Robert. La testostérone, utilisée pour les traitements masculinisants, est en effet une substance plus contrôlée, car pouvant être utilisée pour du dopage.

Pour permettre cette prise en charge de proximité, une formation du personnel médical est nécessaire alors que jusqu'à présent, les thématiques LGBT ne sont presque pas abordées lors des études en médecine. "On ne demande pas forcément que tous les médecins soient directement à même de prendre en charge les traitements spécifiques, mais qu'au moins, ils sachent de quoi on parle pour accueillir correctement cette patientèle. Il y a pas mal de médecins qui sont tellement peu informés que ça peut leur faire peur, ou ils vont avoir un accueil discriminant, en ramenant par exemple n'importe quel problème de santé de la personne trans à sa tra nsidentité. Ou ils vont psychiatriser (le souci de santé, NDLR)."

Pour Prisme, "il est important qu'on puisse conscientiser le corps médical sur le fait qu'il existe une patientèle LGBTQIA+, et en particulier trans, et sur ses besoins. C'est important aussi de pouvoir déconstruire toute une série de biais ou de fausses croyances que les médecins peuvent avoir".

Au-delà du personnel médical, d'autres centres de santé doivent aussi être formés, tels que les centres de planning familial, les centres de prise en charge des violences sexuelles ou encore les centres PMS, plaide Erynn Robert. "Tous ces acteurs doivent à tout le moins être sensibilisés à ces questions et si possible, pour une partie d'entre elles et d'entre eux, être vraiment formés à une prise en charge" des personnes trans.

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