Poste de garde : Frank Lippens se veut rassurant

Frank Lippens a peut-être déjà officiellement fait ses adieux à une carrière richement remplie, mais en coulisses et dans toutes sortes de comités, son expertise et ses talents de négociateur sont toujours très appréciés. Surtout lorsqu'il s'agit de soins d'urgence. Ce n'est pas un hasard s'il est à l'origine d’une note visant à apaiser la question du financement des gardes. Explications.

Le groupe de travail Postes de garde, présidée par Frank Lippens, a discuté ces derniers mois du modèle de financement des coopérations fonctionnelles. Des principes importants ont été dégagés en concertation avec le médico-mut.

"Avant tout, je tiens à réfuter catégoriquement que la réorganisation des postes de garde des médecins généralistes (PMG) et l'évolution vers des partenariats de coopération fonctionnelle (CF) représentent un exercice d'économies ou de réductions des dépenses."

1733

« Le 1733 est le premier élément du document. Les partenariats seront déployés en même temps que la disponibilité du numéro d'appel 1733 - si tout va bien, après une évaluation positive de ce numéro - et cela devrait être opérationnel à la mi-2024..... Pour des raisons comptables, on peut opter pour une date de démarrage au 1er janvier 2025. Pour l'instant, le 1733 peut être dévié vers deux secrétariats médicaux afin que l'appel ne reste pas bloqué. Ces secrétariats doivent ensuite fournir une solution au patient grâce aux directives fournies par les médecins généralistes."

"En Flandre, nous nous dirigeons vers un modèle de coopération lorsque les services d'urgence et les postes de garde se situent de toute façon au même endroit. Peut-être qu' il y aura un triage commun par une infirmière. Aujourd'hui, les professionnels travaillent souvent côte à côte sans connaître le travail de l'autre. En plus, un patient, à qui on a déjà recommandé de se rendre au poste de garde, ne peut pas être autorisé à faire son shopping et à se rendre de toute façon au service des urgences."

Impact sur le service des urgences

"Les services d'urgence eux-mêmes sont également susceptibles d'évoluer avec le développement et la répartition des tâches. Cependant, le fait que de nombreux patients ne puissent être pris en charge ne facilite pas les choses. L'afflux aux urgences augmente de manière anormale, d'après ce que j'entends lors de mes contacts avec les hôpitaux. Apparemment, les médecins généralistes ne veulent pas prendre en charge les patients provenant de communes voisines. Il y a un exode presque naturel vers les urgences car la médecine générale est en difficulté."

"D'ici le 30 juin, il faudra soumettre à la médico-mut un AR qui contient une réglementation adéquate et qui reprend toutes les remarques des gens du terrain. Cela complète l’AR sur la reconnaissance des coopérations fonctionnelles. Des périodes de transition seront, bien sûr, prévues ici et là."

Un financement flexible

"Pour le financement, nous travaillons avec un système d'enveloppe intégrée d'une grande flexibilité par rapport au système actuel. Aujourd'hui, tout est enfermé dans des silos et compartimenté. Nous voulons passer à une structure fluide avec des vases communicants et une grande liberté de gestion, avec des programmes comptables et de reporting simplifiés. Pour les investissements, il est possible d'utiliser un montant forfaitaire à l'intérieur duquel l'organisation décide elle-même de son attribution. Si le montant de l'investissement dépasse cette somme forfaitaire, un dossier est soumis à l’Inami et à la médico-mut."

"J'entends les rumeurs les plus folles en provenance du terrain. Par exemple, que le gouvernement va nommer un personnel interne supplémentaire pour la coopération fonctionnelle, mais ce n'est pas du tout le cas. Les CF se choisiront eux-mêmes et nous nous professionnalisons en établissant des salaires IFIC selon la commission paritaire (PC 330.01) avec une ancienneté moyenne de 10 ans ce qui nous permettra d'attirer du personnel plus qualifié. Je comprends l'agitation, mais une fois que nous aurons présenté les simulations, les responsables verront vraiment ce que cela signifie exactement. » 

"Le fait que certains postes de garde soient menacés de faillite, comme cela a été suggéré, notamment du côté wallon, ne semble pas être exact après notre vérification auprès de l’Inami."

"Nous intégrons également une indexation automatique afin que les employés des postes de garde puissent avoir une offre concurrentielle par rapport à d'autres secteurs des soins de santé. Les postes de garde bénéficient d'une période de transition de trois ans pour réorganiser leur personnel. Ce principe a été adopté, mais il doit encore être affiné."

"Certains discutent encore de la question de savoir s'il ne peut pas y avoir une rotation entre les PMG proches dans la nuit profonde (après 23 heures). Dans cette situation, les citoyens ne savent pas toujours vers quel PMG se tourner, à moins d'appeler d'abord le 1733. Nous n'avons pas encore tranché ce différend."

Vision globale

"A long terme, nous devons encore construire une vision globale sur l’articulation entre les PMG et les services d'urgence. Aujourd'hui, tout est lié à tout, mais c'est très 'saucissonné'. J'ai une vision globale de la question car je siège aussi au Conseil national des secours médicaux d’urgence et je suis également de près le problème des transports non urgents (une affaire communautaire), qui est un autre sujet de tension. Il y a aussi le dossier du transport inter-hospitalier. Plus que jamais, il faut une vision globale. Mais beaucoup de temps a aussi été perdu à cause de la crise sanitaire. J'espère que les principes de cette note seront consolidés. De mon point de vue, cette note a été adoptée et avalisée a la médico-mut. Maintenant, nous avons besoin de temps pour examiner les différentes simulations. Ce n'est qu'à ce moment-là que vous pourrez voir ce qui se passe lorsque les règles seront appliqués à chaque poste de garde individuellement, ce qui devoir aboutir soit à une confirmation de la situation, soit à de nouveaux ajustements mineurs."

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