Sur la défensive financièrement parlant

«Et ça se comprend!», réagit Philippe Devos, président de l’ABSyM. «Les médecins ne sont pas vénaux mais, comme tout le monde, ils ont des loyers, des emprunts… Depuis mars, on ne sait pas qui pourrait être dédommagé, ni à quelle hauteur. Et il n’y a pas de proposition de plan de financement en cas de 2ème vague. A part si l’arrêté de ventilation des 2 milliards d’avance aux hôpitaux arrive, on est dans l’inconnu le plus total.»

Cela fait 6 mois qu’on négocie avec le cabinet, expose le Dr Devos. « Les médecins ont subi de plein fouet la décision de mise à l’arrêt des hôpitaux. » Peu de pays ont fait un choix aussi radical, indique le syndicaliste. «Aujourd’hui, les spécialistes estiment avoir droit à des dédommagements. Au mois d’avril - le plus difficile -, dans des spécialités mises au point mort, certains ont perdu 90% de leurs rentrées. Je n’ai pas encore les chiffres officiels de l’Inami, mais sur le semestre 1, on doit être entre 20 et 35% de chute d’honoraires en moyenne. Cela représente une partie de budget non consommée, qu’on espérait recevoir en soutien. Sur ce point, nous n’avons pas été entendus du tout. Pour les autorités, nous avons été arrêtés ‘comme tout secteur indépendant’. Restait le droit passerelle…». Et encore, ajoute le président de l’ABSyM, il a fallu batailler sur les conditions d’obtention. Des hôpitaux ont pour leur part décidé de redistribuer l’argent de ceux engagés dans la lutte contre le covid vers les confrères en inactivité forcée, poursuit-il. Il n’est donc pas étonnant, pour lui, que des répondants donnent dans le ‘une fois, pas deux !’, après avoir s’être surinvestis pour un sous-salaire.

Les autorités nous opposent une fin absolue de non-recevoir pour une aide aux médecins qui n’ont pas travaillé, poursuit le Dr Devos. «Pour les autres, des mesures sont venues comme un petit complément rétrospectif pour le matériel nécessaire - masque, gel, gants… -, comme en bénéficient d’autres métiers de santé. Cela n’équivaut toutefois pas à la perte d’activité engendrée par le temps, les précautions à prendre entre deux patients. En pratique hospitalière, il y a eu les fameux 2 milliards d’avance pour les hôpitaux, dont quelques centaines de millions pressentis pour les médecins. Le problème, c’est qu’à l’heure où je vous parle, l’arrêté royal fixant les règles du jeu pour la répartition aux médecins n’est pas encore finalisé. Depuis 4 mois... On nous dit toutefois qu’il est imminent.»

Enfin, l’ABSyM continue de réclamer à Maggie De Block un dédommagement pour les confrères infectés, gardant des séquelles avec des répercussions sur leur activité, signale encore Philipe Devos. «Certes, le covid est reconnu comme maladie professionnelle, mais cela ne joue que pour les salariés. La ministre avait annoncé la réquisition des médecins, exigeant qu’ils travaillent sans EPI. Des médecins ont été contaminés ce faisant, par la faute de l’Etat et de son défaut de prévoyance. On est conscients, en tant qu’indépendants, des avantages et inconvénients de ce statut. Mais je ne connais pas d’autres indépendants menacés de réquisition et obligés de travailler non protégés. A présent, on ne peut pas laisser ceux qui sont tombés malades dans le pétrin. Ils méritent un geste. Maggie De Block ne répond pas ‘non’, mais ça va bientôt faire un semestre qu’elle se dit ‘occupée à y réfléchir’!»

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