Une étude universitaire juge nécessaire d'interdire toute publicité pour l'alcool

Une interdiction totale de la publicité pour les boissons alcoolisées est nécessaire d'un point de vue de santé publique, selon une étude menée à l'université de Gand pour le compte de la politique scientifique fédérale (Belspo).

Les chercheurs de l'université de Gand, associés au VAD et à Univers Santé, ont examiné et comparé la réglementation qui encadre le marketing des boissons alcoolisées dans différents pays européens. Dans un second volet, l'étude a interrogé les parties prenantes belges sur leur vision d'un modèle souhaitable pour la Belgique.

Dans notre pays, il existe une convention en matière de publicité et de commercialisation des boissons contenant de l'alcool signée par les différentes parties prenantes (industrie, horeca, publicitaires, consommateurs, autorités). Le Jury d'Ethique publicitaire (JEP) veille au respect de ce code de bonne conduite et peut, le cas échéant, imposer des amendes en cas d'infractions. Mais, selon les chercheurs, l'effet de cette convention est insuffisant pour pouvoir protéger la santé publique. «Le JEP est un organe d'auto-régulation de l'industrie. Ce n'est pas dans son intérêt de protéger la santé publique», souligne l'un des chercheurs, Ruben Kramer, cité par le journal De Mor gen.

L'étude souligne qu'il ne s'agit pas de tenir uniquement compte du contenu de la publicité en question, «mais aussi de la quantité de fois qu'une personne est exposée à cette publicité, ce qui la conduit à adopter une attitude plus positive à l'égard des boissons alcoolisées et induit, in fine, à une augmentation de la consommation d'alcool.»

Afin de protéger effectivement la santé publique, les chercheurs plaident dès lors pour une interdiction complète de la publicité et d'autres actions de promotion des boissons alcoolisées en Belgique.

Les chercheurs admettent qu'une telle interdiction pourrait avoir des conséquences sur les intérêts économiques des producteurs d'alcool et d'autres parties qui bénéficient de la promotion des boissons alcoolisées, «mais il s'agit néanmoins d'une nécessité dans l'intérêt de la santé publique», insistent-ils dans un communiqué. «Cette interdiction n'aura vraisemblablement pas de conséquences importantes pour les tiers, comme les organisateurs des événements qui sont parrainés par les entreprises en matière d'alcool», jugent-ils encore, en prenant l'exemple de nos voisins. 

«La France est plus sévère que la Belgique. Malgré la crainte d'un bain de sang économique, elle avait déjà choisi en 1991 de ne plus autoriser des marques d'alcool à sponsoriser des évènements sportifs», rappelle Ruben Kramer. «La Coupe du monde de football 1998 en France a montré que les places vacantes avaient immédiatement été occupées par d'autres entreprises.» 

En complément à la mesure d'interdiction de la publicité, les chercheurs invitent les responsables politiques à considérer d'autres mesures en vue de mieux protéger la santé publique comme une limitation de l'offre d'alcool, une augmentation de son prix et une révision à la hausse de l'âge à partir duquel on peut acheter des boissons alcoolisées. «L'effet de ces mesures n'est que meilleur quand cela fait partie d'une politique globale et intégrée», souligne-t-on encore.

Du côté de l'Union belge des annonceurs (UBA), également citée par De Morgen, on juge toutefois une interdiction totale naïve: «si on veut vraiment interdire quelque chose, alors interdisons le produit». La ministre de la Santé publique, Maggie De Block (Open Vld), n'est pas non plus très enthousiaste à l'idée d'une interdiction totale.

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