Photographies de André Fromont : Quand la beauté surgit

Constantin sème la lumière ©André Fromont

Bien sûr, il y a le temps, perdu, retrouvé, fragmenté, collectif, intime ;  le temps, toujours, et c'est aujourd'hui la vocation des artistes de résister à l'éparpillement, à l'évaporation, à la volatilité des images par leur épuisante saturation.

Comme le rappelle l’artiste, poétesse,  critique et surréaliste Annie Le Brun,  cette maladie ontologique de l'image aujourd'hui réside dans sa viralité.  Sa fonction n'est plus de montrer, d'explorer, mais de circuler dans la dépense la plus absolue. C’est probablement le signe de l'extinction d'une forme de photographie, en tout cas de l'extinction publique.  Les photographes nous ont rappelé la puissance du regard sur les corps et les objets, les paysages et les fragments saisis par le œil et l'objectif  du subjectif trépas des formes.

André Fromont offre, depuis des années, des images (couleurs, monochromes,  noir et blanc et sépia) à propos de cette fissure du temps, de cet endroit par lequel un peu d'humanité a, peut-être,  encore passé jusqu’à nous.

André Fromont est un photographe de l'après apocalypse, quelque chose de puissant, de grandiose, de littéral a eu lieu et le photographe en a ramené des traces -ce fameux mot au centre de l'art au 20e siècle-, tout droit sorties d'un révélateur puissant : la compassion alliée à la beauté.

Ces déchirures, ces surfaces brûlées, cette irradiation que révèle les photographies d'André froment sont, à mon sens, comme la marque du Grand tragique qui a eu lieu il y a déjà si longtemps… L'artiste nous expose les marques inscrites dans la matière des hommes, de la nature, et du minéral… 

Des fantômes bien sûr, comme le temps, au centre de cette vision photographique insolite et rare. 

Regarder les photos d'André Fromont c'est se confronter, dans le même mouvement à la beauté, et aux spasmes de la disparition.

Des simulacres de poésie, de littérature ne cessent d'évoquer des gouffres de nain, … alors que l'Enchanteur pourrissant du jeune  Apollinaire est en pleine action. Merlin est passé par là, l'atome, le sacre du sacrilège…

La mémoire enclose dans les images d'André Fromont nous renvoie à une perception du présent comme un éternel palimpseste. 

Des couches s'agglutinent, des surfaces se frisent, des matières se frottent, la beauté surgit.

> L'album photo d'André Fromont

Exit 11 centre d’art contemporain Château de Petit-Leez, rue de Petit-Leez 129, 5031 Grand-Lee z, Belgique -info@exit11.be +32 (0) 81640866 - Du 02 octobre au 13 novembre 2022

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