Une approche strictement structurée est actuellement d’une importance vitale pour réduire le plus possible l’impact du coronavirus. L’est et le centre d’Anvers ont décidé de lancer un centre spécifiquement dédié à l’infection et, ailleurs en Flandre aussi, des structures de ce type se multiplient comme des champignons. Explications avec Heleen Aerts, présidente du cercle de médecine générale de Deurne-Borgerhout.
Anvers est subdivisée en plusieurs zones de garde ; Deurne-Borgerhout relève dans ce cadre de la région Anvers-Est. Le centre du coronavirus a été mis sur pied en concertation avec l’AZ Monica, l’hôpital qui jouxte le poste de garde. « Nous organisons un pré-triage dans les locaux de notre poste de garde, où nous pouvons voir les patients en toute sécurité. Il s’agit de personnes qui ont déjà fait l’objet d’une première sélection aux urgences, où des infirmiers ont jugé leur cas « non urgent » sur la base d’un protocole de collaboration détaillé, dont nous avons déjà une certaine expérience après une étude antérieure. »
Étape suivante : les données des cas non urgents sont transférées au logiciel du centre du coronavirus, où le médecin est invité à prendre contact avec lui pour une consultation téléphonique avec anamnèse complète. Il y a ensuite plusieurs possibilités :
- Le médecin estime qu’un examen physique s’impose parce que des données supplémentaires sont nécessaires et un rendez-vous est fixé pour le patient au centre du coronavirus du poste de garde. Il y sera vu par le médecin qui assure les consultations physiques et est entièrement protégé. Le cabinet est également désinfecté après chaque consultation. À ce stade, l’intervention des urgences n’est pas (encore) nécessaire.
- Le médecin constate que le patient présente une saturation très faible. Il peut alors le renvoyer aux urgences avec une demande d’admission explicite, qui lui ouvrira la « voie rapide » au sein des urgences.
- Il est possible que le patient doit simplement rester isolé chez lui, en ce cas le centre du coronavirus lui fournira par e-mail ou par la poste les attestations nécessaires, ce qui lui évitera de devoir revenir au centre ou aux urgences. Le patient recevra aussi chez lui des instructions reprenant le décours possible de sa maladie. Il peut en effet arriver que des problèmes graves ne se manifestent qu’une semaine plus tard chez les patients placés en quarantaine à domicile. Dans ce cas de figure, le malade est prié de contacter son médecin de famille (en semaine) ou le médecin de garde (le soir ou le weekend). Son état sera alors réévalué par téléphone afin de déterminer si l’admission aux urgences se justifie.
Les difficultés du suivi par le biais de visites à domicile
Voilà pour le parcours soigneusement balisé et séparé. « Nous sommes toutefois aussi confrontés à un dilemme pour le suivi des patients placés en quarantaine à la maison et dont l’état se dégrade », concède le Dr Aerts. « Dans ce cas de figure, nous pourrions en effet être contraints d’effectuer une visite à domicile. Pour l’heure, nous avons encore suffisamment de matériel de protection, mais le problème est qu’il est très difficile de l’utiliser correctement lorsqu’on se rend chez un malade. Comment, par exemple, remonter dans sa voiture sans contamination ? Peut-être faudrait-il malgré tout demander aux patients de se déplacer… »
Les patients non-covid-19 demeurent le grand défi, car le risque existe que les généralistes les perdent de vue pendant la crise. C’est pour cela qu’a été créé ce centre du coronavirus, pour libérer et concentrer du temps et des moyens.
Généralistes infectés
Le Dr Aerts confirme que son cercle compte déjà au moins deux généralistes infectés (et symptomatiques), heureusement tous deux en bonne santé physique… auxquels s’ajoutent certainement encore des collègues contaminés qui s’ignorent. « Lorsqu’un médecin ne peut plus travailler, il existe des accords sur la reprise de ses tâches. Nous disposons aussi de longue date d’un plan des rues où les patients sont répartis entre les différents cabinets, afin qu’ils sachent toujours où s’adresser. »
Pour ce qui concerne la stratégie de l’immunité de groupe que veulent appliquer les Pays-Bas et le Royaume-Uni (quoique les dernières informations qui circulent laissent entrevoir un revirement), le Dr Aerts n’a qu’une chose à dire : « Le virus ne s’arrête pas aux frontières et, malheureusement, nous en sommes proches. Cette stratégie va faire beaucoup plus de dégâts humains, dont nous pourrions bien ressentir l’impact. »