Le professeur Linos Vandekerckhove, de l'hôpital universitaire de Gand (UZ Gent), met en garde vendredi contre les conséquences d'un arrêt soudain du financement américain pour ses recherches sur le VIH. La collaboration avec de prestigieuses universités américaines, dans le cadre de laquelle il fournit depuis dix ans des échantillons uniques de patients pour analyse, est aujourd'hui compromise. Il est question d'un montant de 1,5 million de dollars, crucial pour ses recherches sur de nouvelles thérapies et un éventuel traitement.
Linos Vandekerckhove collabore depuis 10 ans avec des universités américaines de renom, dont Harvard, Emory, Seattle et Johns Hopkins. Ses recherches portent sur l'analyse d'échan tillons uniques provenant de patients atteints du VIH, à l'image de ce que font les chercheurs en oncologie avec les tissus tumoraux. "Nous avons mis au point des technologies spécifiques pour analyser ces prélèvements. Mais aujourd'hui, en tant que partenaire européen, nous sommes écartés", déplore-t-il.
Le financement a été brusquement interrompu par l'agence fédérale américaine chargée de la recherche médicale (National Institutes of Health, NIH). Selon Linos Vandekerckhove, cette décision découle d'un durcissement des directives imposées aux partenaires étrangers, sommés de démontrer plus rigoureusement la valeur ajoutée de leur contribution. "Ce qu'on exige désormais, c'est que les partenaires étrangers prouvent en quoi leur rôle est indispensable au projet. Apparemment, nos arguments n'ont pas suffi", regrette le professeur.
D'autres centres de recherche européens sont également confrontés à des problèmes liés aux nouvelles directives. "Il est possible que certains centres ou laboratoires n'aient pas communiqué de manière suffisamment transparente. Mais nous sommes désormais confrontés à une interruption brutale d'excellents programmes, issus de nombreuses années de collaboration fructueuse entre des universités européennes et américaines", poursuit-il. D'après M. Vandekerckhove, des équipes de recherche danoises et espagnoles sont confrontées aux mêmes problèmes.
Les recherches menées par Linos Vandekerckhove sur le VIH sont particulièrement pointues. "Nous disposons d'échantillons uniques de patients séropositifs, mais faire reconnaître ce caractère unique s'avère complexe. Notre travail s'inscrit dans un domaine de niche, ce qui rend plus difficile la mise en avant de notre plus-value", analyse-t-il.
L'interruption du financement a des conséquences considérables. "Concrètement, cela se traduit par l'arrêt de programmes et par des pertes d'emplois à tous les niveaux. Des laborantins, des post-doctorants et des chercheurs se retrouvent désormais dans l'incertitude", explique Linos Vandekerckhove. "Je vais lancer un appel à l'université, au gouvernement flamand et à l'Union européenne afin de voir comment nous pouvons limiter les dégâts."
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