Le GBO fustige les mutuelles et réclame un investissement urgent dans la médecine générale

Le GBO dénonce la position des mutuelles sur la hausse du ticket modérateur et appelle à un investissement urgent dans la médecine générale. Sa vice-présidente, la Dr Anne Gillet, alerte sur les risques de désengagement des généralistes face à un système de soins de plus en plus sous-financé.

Les récentes prises de position des mutuelles, notamment sur la question du ticket modérateur et du financement de la médecine générale, interpellent fortement de nombreux généralistes. Au GBO, la Dr Anne Gillet, vice-présidente du GBO, ne peut les accepter: « Il est absolument nécessaire que nos pouvoirs publics et les mutuelles reconnaissent que la médecine générale doit être renforcée. On est en pénurie. On est confronté à une augmentation des soins nécessaires. La population qui a besoin de soins augmente aussi, avec des maladies chroniques notamment.»

Elle ne peut accepter le raisonnement des mutuelles: «Face à ce défi majeur, il est nécessaire d’investir pour augmenter la qualité des soins et se demander où l’on peut économiser sans handicaper cette qualité. C’est la question primordiale, qui pourtant n’est jamais posée de façon globale.»

Mettre les moyens au bon endroit

L’urgence, sans jeu de mots, est de remettre la médecine générale au centre du soin du patient: «Pourquoi ne pas mettre plus d’argent dans la médecine générale? Les autorités prennent le problème à l’envers: le financement des salles d’urgence conduit à les inciter à accepter des cas de médecine générale qui n’ont pas besoin d’examens coûteux, alors qu’elles-mêmes sont en difficulté pour recevoir sereinement les cas complexes. Pourquoi n’y a-t-il toujours pas de tri avant la salle d’urgence? Là, on peut faire rapidement des économies utiles pour les patients, les soins de santé et les soignants. Évidemment, cela demande une vision globale et pas en silo. Il faut quand même se rendre compte qu’il y a un poste de garde à Bruxelles qui a fermé parce que, entre autres, la salle d’urgence ne lui déléguait pas les cas de médecine générale, alors qu’une collaboration aurait été efficiente en termes de coût humain et financier. C’est inacceptable.»

Les généralistes permettent de faire des économies au système de soins de santé

Pour elle, la même question concerne la phonoconsultation: «Dans ce dossier, le dépassement dont on parle est tout à fait fictif. Il faut le rappeler, d’autant plus que les visites ont reculé. Des économies ont donc été faites.»

Elle dénonce aussi la question de la garde: «Des médecins généralistes de garde sont contraints de travailler pour 30-40 euros de l’heure. Quelle est la profession aujourd’hui qui accepterait de travailler pour 30-40 euros de l’heure le week-end et la nuit ? Les généralistes vont finalement refuser de faire ces gardes. Il y aura donc une baisse de l’accessibilité aux soins.»

La question de l’accessibilité aux soins est centrale: «Aujourd’hui, les généralistes se mobilisent avec une vision globale de santé publique, et donc, effectivement, le GBO aimerait que la médecine générale soit la plus accessible possible. Mais parlons de toute l’accessibilité: financière, géographique, culturelle… Les généralistes ont de tout temps déchargé les patients les plus précaires du ticket modérateur. Notre démarche actuelle au sujet d’une indexation du ticket modérateur est une démarche contrainte et forcée pour préserver d’autres accessibilités. Il faut aussi que l’exercice du métier de soins soit “accessible aux prestataires”, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Il est temps que les mutuelles et les pouvoirs publics le comprennent.»

Les généralistes prévoient de se mobiliser dans les prochaines semaines pour mieux se faire entendre.

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Derniers commentaires

  • Nadja Miyake Nogueira

    06 mai 2025

    Oui, investir dans la médecine générale permet de faire des économies!

    Mais, pour réaliser qu'il coûtera bien plus cher de supprimer d'honoraires ou de déléguer à d'autres professionnels divers actes médicaux de 1ère ligne , il faut réfléchir sur l'évolution potentielle du système de santé à moyen et long terme.

    Avec la diminution du besoin de prescription médicale, on observe, dans plusieurs pays, la croissance des résistance aux antibiotiques, d'effets indésirables induisant à des maladies chronique, le recours trop nombreux et onéreux aux consultations en deuxième ligne pour des problèmes qui peuvent être pris en charge en médecine générale etc. sans compter une importante errance diagnostique et la diminution de l'accès aux soins, notamment pour les personnes à faibles revenus.

    Les instances décisionnelles devraient d'abord s'intéresser à connaître mieux le rôle réel du médecin généraliste dans le système de santé, s'intéresser à plusieurs modalités de pratique existantes, afin de pouvoir prendre des décisions fructueuses sur la santé de notre société.

    Pour l'instant, les mesures vont dans le sens de transformer la médecine générale dans un autre métier : les nouvelles mesures et les propositions de changement vont dans le sens d'imposer un nouveau type de pratique, sans s'intéresser au rôle réel qui la médecine générale joue telle qu'elle est pratiquée actuellement.

    On ne peut pas prendre des décisions lucides concernant la médecine générale sans d'abord s'ancrer dans la connaissance du métier de médecin généraliste tel qu'il est et des raisons qui conduisent aux diverses modalités de pratique actuelle. En prenant des décisions basées sur des connaissances partielles et de projections imaginaires sur l'évolution de modèles théoriques encore ponctuellement expérimentés, on risque d'arriver à l'effondrement de la qualité et de l'accessibilité aux soins de santé dans notre pays.

  • Nadja Miyake Nogueira

    06 mai 2025

    Oui, investir dans la médecine générale permet de faire des économies!

    Mais, pour réaliser qu'il coûtera bien plus cher de supprimer d'honoraires ou de déléguer à d'autres professionnels divers actes médicaux de 1ère ligne , il faut réfléchir sur l'évolution potentielle du système de santé à moyen et long terme.

    Avec la diminution du besoin de prescription médicale, on observe, dans plusieurs pays, la croissance des résistance aux antibiotiques, d'effets indésirables induisant à des maladies chronique, le recours trop nombreux et onéreux aux consultations en deuxième ligne pour des problèmes qui peuvent être pris en charge en médecine générale etc. sans compter une importante errance diagnostique et la diminution de l'accès aux soins, notamment pour les personnes à faibles revenus.

    Les instances décisionnelles devraient d'abord s'intéresser à connaître mieux le rôle réel du médecin généraliste dans le système de santé, s'intéresser à plusieurs modalités de pratique existantes, afin de pouvoir prendre des décisions fructueuses sur la santé de notre société.

    Pour l'instant, les mesures vont dans le sens de transformer la médecine générale dans un autre métier : les nouvelles mesures et les propositions de changement vont dans le sens d'imposer un nouveau type de pratique, sans s'intéresser au rôle réel qui la médecine générale joue telle qu'elle est pratiquée actuellement.

    On ne peut pas prendre des décisions lucides concernant la médecine générale sans d'abord s'ancrer dans la connaissance du métier de médecin généraliste tel qu'il est et des raisons qui conduisent aux diverses modalités de pratique actuelle. En prenant des décisions basées sur des connaissances partielles et de projections imaginaires sur l'évolution de modèles théoriques encore ponctuellement expérimentés, on risque d'arriver à l'effondrement de la qualité et de l'accessibilité aux soins de santé dans notre pays.

  • Charles KARIGER

    05 mai 2025

    "Les généralistes permettent de faire des économies au système de soins de santé". Ouais!

    Et prochainement, ils serviront à en faire encore beaucoup plus!
    30 euros (BRUTS!!!) par heure... et pourquoi pas RIEN ? Un petit A.R. dans le genre "Vu l'urgence..." et hop !
    (Rappel: au cours des dernières décennies, d'innombrables soins ("prestations") des GP ont miraculeusement "disparu" de la nomenclature et ne peuvent donc plus être rémunérées.)

    De surcroît, les pharmaciens, employés d'officine, infirmiers et aide-seniors remplaceront fort bien les GP en dehors des gardes devenues obligatoires... et bénévoles.