Covid-19 : le terrible impact psychologique de la pandémie sur les médecins et le personnel soignant

Une étude publiée dans la revue médicale de Liège souligne que « le pire est peut-être à venir » pour les médecins et le personnel soignant particulièrement exposés à la prise en charge des patients atteints de la COVID. « Au cours des prochains mois, même chez les personnes qui, en apparence, se sont bien adaptées, on risque de voir apparaître des épisodes de burn-out, des problèmes de trouble panique, des dépressions caractérisées, ...»

Dans la revue médicale de Liège, une étude  sur l’ « impact de la pandémie de la COVID-19 sur la santé psychologique du personnel soignant » vient d’être publiée par le Professeur William Pitchot, chef de service associé en psychiatrie à l’Université de Liège : « Je suis sur le terrain et je vois ce qui se passe. Je vois des médecins même le dimanche. On doit vraiment se préparer au pire en espérant le meilleur.  Le covid est un véritable catalyseur. On sait que les conséquences sur le plan psychologique arrivent bien après.  Il y a une symptomatologie très complexe. La deuxième vague n’est pas comparable à la première, on est dans la désespérance parce qu’on manque d’horizon notamment.»

Sa publication montre que le monde de la médecine est particulièrement touché par la problématique d’un stress professionnel de plus en plus destructeur pour l’individu. Le stress généré par la pandémie de la COVID-19 est venu s’ajouter à une souffrance psychique déjà élevée.
Crainte de la transmettre à un collègue

Une proportion importante de soignants directement confrontés à la prise en charge des patients infectés souffraient d’une symptomatologie anxieuse d’intensité modérée à sévère. La crainte de contracter la maladie et de la transmettre à ses collègues et à ses proches était, évidemment, un élément déterminant. 

Cependant, d’autres facteurs de risque de développer des troubles psychiatriques ont été mis en évidence, comme l’absence de soutien psychologique, l’isolement social, le fait d’avoir des enfants, la crainte d’être rejeté par les autres par peur de la contamination, le stress lié à la réorganisation du travail et aux incertitudes entourant une nouvelle maladie. 

Le professionnel face au patient malade

Une étude chinoise a montré que les professionnels de la santé exposés aux patients atteints par la COVID-19 avaient une prévalence plus élevée d’insomnie, d’anxiété, de dépression, de somatisation et de symptômes obsessionnels compulsifs. Les facteurs de risque étaient une mauvaise connaissance de la dangerosité du virus, l’importance de la charge de travail, le manque de matériel, le risque de contracter la maladie, l’absence de repos ou le fait d’être confronté à de nombreux décès. 

Les assistants en formation aussi 

Une autre étude s’est spécifiquement intéressée aux assistants en formation exposés aux patients pris en charge pour une infection COVID-19. Comparativement au groupe non-exposé, le groupe exposé (n = 393) avait une prévalence plus élevée de stress (29,4 % vs 18,9 %) et de burn-out (46,3 % vs 33,7 %). La prévalence de la dépression était également plus élevée que dans la population générale (28 % vs 12 %).

Le pire est peut-être à venir

Pour les médecins et le personnel soignant particulièrement exposés à la prise en charge des patients atteints de la COVID-19, le pire est peut-être à venir. « Au cours des prochains mois, même chez les personnes qui, en apparence, se sont bien adaptées, on risque de voir apparaître des épisodes de burn-out, des problèmes de trouble panique, des dépressions caractérisées, des états de stress post-traumatique ou des addictions. Le taux de suicide va vraisemblablement augmenter, à tout le moins on peut le craindre. » souligne l’étude.

Au-delà de la prise en charge spécialisée proposée par les psychiatres et les psychologues, le plus important sera, sans doute, de pérenniser l’attitude de reconnaissance et de respect de la part des structures hospitalières à l’égard de tous les soignants. Pour le médecin, le personnel soignant, l’hôpital et le patient, cette pandémie ne peut rester un épiphénomène. 

« Cette épreuve de la pandémie COVID-19, si particulière, doit pousser aussi le monde hospitalier à une réflexion en profondeur sur sa dimension humaine et son rôle sociétal. » concluent les auteurs de l'étude.

> Découvrir l'intégralité de l'étude

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