e-prescription : les associations de patients veulent le maintien du papier

Les patient perçoivent l’e-prescription comme un progrès. Elle présente des avantages mais il faut rester attentif à la fracture numérique. Elle doit venir « en plus » et non pas « à la place » dans la relation soignant-soigné

La LUSS est la Fédération des Associations de Patients. Ses missions sont le soutien aux associations, la formation et l’information, ainsi que la représentation des associations auprès des autorités. Elle apporte l’expertise du vécu de terrain.

« La LUSS est associée depuis le début à la réflexion sur l’e-prescription » nous dit Bernadette Pirsoul, responsable de l’e-santé dans l’association.  « Notre objectif est de contribuer à l’amélioration du service et de veiller à ce qu’on ne laisse pas pour compte les personnes qui n’ont pas l’outil informatique ou qui ne le maîtrisent pas ».  Concrètement, la LUSS insiste sur le maintien de la possibilité pour le patient d’obtenir une copie papier de la prescription. Et Bernadette Pirsoul ajoute « il n’y a pas que la fracture numérique. Des personnes donnent la préférence au papier, même si elles se débrouillent avec un ordinateur ». Un rapide sondage auprès des utilisateurs révèle pourtant que même si c’est un droit, il n’est pas toujours aisé d’obtenir cette copie sur papier. Or, « l’électronique seule peut donner la sensation d’une perte de contrôle sur leur médication », souligne Sabine Corachan, qui gère les questions liées aux médicaments et aux dispositifs médicaux. 

Des avantages et des lacunes

La prescription électronique a des atouts par rapport au papier. Elle évite les d’erreurs d’interprétation de l’écriture manuelle. Il y a aussi la traçabilité, alors qu’un document matériel peut se perdre. L’obligation d’une prescription par produit favorise la souplesse : le patient ne doit pas nécessairement emporter en une fois tous les médicaments prescrits. Le lien thérapeutique avec le pharmacien de référence n’est pas obligatoire pour emporter la partie restante des produits prescrits.

Mais le patient qui ne peut se déplacer doit fournir une procuration à celui qui ira chercher le médicament à sa place. Il faudrait que cela aussi puisse se faire par voie électronique. Et si cela se fait, il resterait à déterminer si la procuration est valable une seule fois ou pour une durée déterminée ou encore pour une durée indéterminée. Et un renouvellement de prescription n’est pas lié à une pharmacie précise. 

Regard vers le futur

La prescription électronique de renvoi vers d’autres prestataires (kiné, infirmière) est à l’étude mais n’a pas encore vu le jour. Un projet de schéma de médication partagé est en passe de se concrétiser. Le prescripteur pourra ainsi ajuster la posologie par rapport au schéma inscrit dans la notice. Le pharmacien pourra ajouter des notes sur la prescription, par exemple indiquer ce qu’il a délivré. Le retour de ces informations vers le médecin sera souhaitable et on aura ainsi une mise à jour en temps réel.

Les responsables de la LUSS insistent sur la nécessité de continuer à accompagner le patient et à encourager le dialogue. Les échanges, discussions et partages sur les aspects de la vie quotidienne qui peuvent interférer avec la santé, la maladie, le traitement, restent indispensables. Le retour de ces informations vers le médecin est nécessaire. L’outil numérique doit être « en plus » et non pas « à la place » de la relation soignant-soigné. C’est très important pour l’adhésion au traitement, rappelle l'association des patients.

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