Hospitalisation à domicile: réactions nuancées des syndicats

Maggie De Block a lancé fin mai un appel à projets pilotes «hospitalisation à domicile» (HAD). Les hôpitaux sont clairement à la barre: tout groupe porteur de projet doit forcément compter le sien. Qu’en pensent les syndicats de médecins?

Paul de Munck, président du GBO, regrette d’avoir appris par la presse l’appel à candidatures qui se lançait. «Comment préparer, motiver, l’ensemble de la profession au développement de cette collaboration transmurale, si on ne tient même pas ses structures informées?», déplore-t-il. «S’est-on assuré que la première ligne était prête, qu’elle avait les moyens de s’impliquer? C’était la moindre des choses si on veut vraiment favoriser la collaboration entre lignes.» On dirait la médecine générale déjà condamnée à n’être que suiveuse. Paul De Munck dénonce «la frénésie d’action», typique de l’empressement des politiques à marquer leur législature. Maggie De Block veut-elle marquer les esprits en lançant un maximum de choses en un minimum de temps, en mode ‘marche ou crève’?, s’interroge-t-il. L’HAD et les «soins intégrés aux malades chroniques», ce sont deux choses distinctes au niveau projets pilotes, mais ne faut-il pas prévoir des articulations?, ajoute-t-il encore. «Le terrain finit par se perdre dans tous ces lancements. De quel ‘chantier’ va relever un diabétique qui devrait être hospitalisé, ayant besoin d’une antibiothérapie, mais peut la voir administrée chez lui?»

Sur le fond, le GBO n’est pas opposé à l’HAD, mais préfère le concept d’alternative à l’hospitalisation – qui évite une admission ou raccourcit un séjour – par la dispensation de «soins techniques complexes à domicile».

«Un processus passionnant»

Jacques de Toeuf, pour sa part, ne trouve pas anormal que Maggie De Block s’adresse avant tout aux hôpitaux. Il apprécie qu’elle ait déclaré – «c’est rare!» – ne pas se sentir idéologiquement tenue de poursuivre l’HAD si les projets ne s’avéraient pas convaincants. «C’est un peu comme de la recherche clinique, on voit ce qui est probant», indique le syndicaliste. Lui-même trouve l’aventure passionnante intellectuellement, mais pointe le flot de questions réglementaires, juridiques, administratives…  que le processus va immanquablement soulever. Et la réflexion, les évolutions légales ou contractuelles, les négociations… qui seront nécessaires par exemple, dit-il, pour faire faire du déplacement à des infirmières hospitalières ou au niveau de la délivrance des médicaments. Il se dit aussi curieux de voir si la formule, avec son défilé d’intervenants à domicile, ne s’avérera pas plus coûteuse que l’hospitalisation tout court. Toujours est-il que le cabinet, dit-il, «fort de l’expérience engrangée avec l’appel sur les ‘séjours en maternité raccourcis’, a rédigé un canevas à respecter. Mais il n’y a pas de modèle national, le système n’existe pas encore.»

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