Covid-19 et psychiatrie : les troubles post-traumatiques pourraient concerner 5 à 10 % de la population belge

Les conséquences du Covid-19  vont inévitablement se faire sentir  dans les services de psychiatrie et de psychologie. Le Dr Xavier De Longueville, directeur médical du Beau Vallon s’attend à l’arrivée de nombreux patients dès la fin du confinement

« Le service de santé mentale sera très demandé dans la plupart des institutions » reconnaît le Dr Xavier De Longueville, directeur médical du Beau Vallon, institution spécialisée en santé mentale, : «Nous ne pouvons évidemment actuellement plus accepter de nouveaux patients dans les institutions pour éviter l’arrivée de personnes infectées. Par ailleurs, nous ne pouvons plus traiter de la même manière les personnes qui sont en souffrance comme par exemple les patients schizophrènes ou les patients souffrant de problèmes éthyliques. Nous faisons évidemment au mieux en téléconsultation ou par téléphone mais de nombreuses personnes souffrent de cette période de confinement. » 

Tests et prise de rendez-vous

Dans ces services, les demandes sont nombreuses : «  Aujourd’hui, beaucoup de patients en attente nous appellent tous les jours. Nous les écoutons. Ils veulent avoir un rendez-vous le plus rapidement possible mais nous ne pouvons pas leur offrir de date actuellement. » 

En plus des patients habituels, les médecins, psychiatres, et psychologues, vont donc avoir beaucoup de travail. « A la fin du confinement, on sait que l’on devra commencer nos journées très tôt et les finir très tard. Nos équipes sont prêtes à devoir y faire face. Evidemment, nous attendons les tests avec impatience parce que nous ne pourrons accueillir de nouveaux patients en institution sans les avoir testés avant..» 

Hausse du stress si on a un proche contaminé

Une analyse de terrain qui est confortée par les réalités d’études récentes comme l’explique le Dr Nicolas Commune, docteur en sociologie et en anthropologie de la santé :  «  Dans la récente étude de la Naval Medical University conduite a Wuhan, premier foyer de l’épidémie, l’apparition d’un syndrome de stress post traumatique était de 4.8 % dans la population générale et pouvait aller jusqu’à 18 % dans la population vulnérable, c’est à dire les personnes qui ont contracté la maladie ou qui ont eu un proche contaminé. » 

Rapide prise en charge

Pour le Dr Nicolas Commune, la rapidité de la prise en charge sera importante :  « D’après le psychiatre français David Gourion, ces troubles post-traumatiques pourraient concerner chez nous 5 à 10 % de la population, et ils nécessitent d’être rapidement repérés et pris en charge. Ils peuvent être associés à de graves troubles de la concentration, à une hypervigilance, un sentiment d’insécurité permanent et des crises de panique, des cauchemars récurrents, des états dépressifs, et peuvent réactiver des souvenirs d’épisodes traumatiques plus anciens. »

Les psychiatres et les psychologues risquent donc d’avoir encore plus de travail qu’après les attentats...

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