Les restrictions de voyage sont plus efficaces si elles sont imposées au début de la pandémie, ressort-il d'une étude publiée dans la revue scientifique The Lancet.
Au début de la pandémie, les pays du monde entier ont imposé des restrictions de voyage jusqu'à la fin du mois d'avril pour limiter la propagation du coronavirus.
Pour l'étude, les scientifiques ont commencé à travailler avec des données sur les flux de voyages à partir de 2019, lorsqu'il n'y avait pas encore de limitations en la matière. En utilisant des estimations et des modèles mathématiques, ils ont étudié comment les cas de coronavirus importés ont pu influencer les épidémies nationales. Ils ont comparé le nombre de cas de Covid-19 qui se seraient produits au cours des mois de mai et septembre dernier sans restrictions du trafic aérien avec le nombre de cas effectivement identifiés dans les différents pays.
Ils en ont conclu que si le nombre de voyageurs n'avait pas diminué en mai, les cas de Covid-19 importés seraient responsables de plus de 10% des infections dans 102 des 136 pays étudiés.
L'impact a par contre été moins important à moyen terme: s'il n'y avait pas eu de restrictions de voyage en septembre, les cas importés n'auraient plus été responsables de plus de 10% des infections que dans 56 pays sur 162 passés à la loupe. Dans la majorité des 106 pays restants, les cas importés représentaient moins de 10% des infections - et même moins de 1% dans 21 pays.
"Ces résultats suggèrent que des restrictions de voyage strictes et non ciblées dans de nombreux pays ne sont pas justifiées", lit-on dans l'étude. Dans certaines situations, cependant, elles sont utiles, par exemple là où le trafic international est important ou bien l'incidence globale est très faible. Cela vaut également pour les pays qui sont sur le point de connaître une croissance exponentielle, mais pas pour ceux où le virus se propage déjà rapidement.
"Il est donc important que les gouvernements imposent des restrictions de voyage très ciblées", estime Mark Jit, professeur à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, qui a dirigé l'étude. "Avant d'en introduire, il convient de tenir compte du nombre d'infections locales, des taux de croissance des épidémies et du nombre de voyageurs en provenance de pays fortement touchés par le virus."