Interrompre rapidement le patient n’est pas toujours une mauvaise chose (recherche)

Les médecins sont souvent enclins à interrompre rapidement le patient au début d’une consultation. Cela peut sembler négatif… mais dans les faits, il semble que ce ne soit pas forcément un obstacle au bon déroulement de l’interaction. À côté des interruptions dites perturbatrices, qui affectent négativement sa teneur et son décours, il existe en effet aussi des interruptions « coopératives », qui ont au contraire un effet bénéfique. C’est ce qu’affirme le Nivel, l’institut néerlandais pour les soins de première ligne.

En moyenne, les généralistes impliqués dans l’étude du Nivel interrompaient leurs patients 36 secondes après le début de l’exposé de la problématique. Sur 84 consultations analysées, les chercheurs ont épinglé un total de 2405 interruptions, dont la majorité (82,9 %) étaient coopératives et contribuaient au bon déroulement de l’interaction. Les patients, eux, procédaient plus souvent à des interruptions gênantes (intrusives), et cette tendance semblait globalement plus marquée chez les hommes que chez les femmes. Ces interruptions perturbatrices intervenaient surtout au moment où étaient abordés le diagnostic et le plan de traitement.

Perturbateur
Les généralistes masculins semblaient plus enclins que leurs homologues de l’autre sexe à interrompre leur interlocuteur de manière intrusive, mais les patientes coupaient davantage la parole à leur médecin que les patients. La probabilité d’interruptions perturbatrices – par le soignant ou par le soigné – semblait par ailleurs plus grande dans les consultations impliquant des patients d’un certain âge.

Des études plus poussées devront établir dans quelle mesure d’autres facteurs comme le niveau d’éducation, la gravité des symptômes abordés, l’expérience du médecin et les contraintes de temps (ressenties) jouent un rôle dans la manière dont les interruptions s’articulent dans le cadre d’interactions médicales.

D’autres travaux devront aussi s’intéresser à la manière dont les patients et les généralistes perçoivent ces interruptions et à l’effet que celles-ci peuvent éventuellement avoir sur l’issue de la consultation.

Précisons néanmoins que de façon générale, les médecins de famille et les patients semblent plutôt bien s’écouter et faire usage d’interruptions coopératives pour apporter des informations pertinentes, exprimer leur compréhension ou clarifier certains points.

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