La violence contre les soignants est préoccupante dans toute l’Europe

Le Conseil Européen des Ordres des Médecins (CEOM) se réunit deux fois par an. A sa dernière réunion, tenue fin novembre, la violence contre les médecins et autres soignants était au programme des débats.

Un Belge est le premier vice-président du CEOM. Il s’agit du Dr Roland Kerzmann de Liège, membre du Conseil national de l’Ordre en Belgique. Le Pr Christian Mélot, de l’ULB, représente à ses côtés notre Ordre National, dont il est le vice-président francophone. La mission du CEOM consiste à promouvoir au sein de l’Union européenne une éthique et une déontologie communes ainsi que l'exercice d'une médecine de qualité, respectueuse de la santé des médecins dans l’exercice de leur profession tout en respectant les intérêts des patients. Il se réunit deux fois par an. Lors de la réunion de novembre, plusieurs organisations médicales européennes, fédérées sous l’égide de l’EMO’s (European Medical Organisations) étaient également présentes. L’Association Médicale Mondiale participait aussi à la réunion. C’est dire que les thèmes des discussions rejoignaient des préoccupations réellement mondiales.

Violence et burnout sont liés

Deux d’entre elles sont particulièrement préoccupantes. Ce sont l’agressivité envers les professionnels de la santé et le burnout. « Les deux sont liés », nous dit le Pr Mélot au retour de la réunion. « A force d’être agressé, que ce soit moralement, verbalement ou physiquement, il n’en peut plus et le burnout menace. Devant la violence et son mal-être, il lui est difficile de rester serein et de pratiquer une médecine de qualité ». Conscient de ce problème, notre Ordre National a créé depuis 2016 la ligne d’appel « médecins en difficulté ». En 2018 déjà, le CEOM a publié une déclaration contre la violence envers les médecins. Dans certaines circonstances, comme les conflits armés, la situation des médecins est particulièrement pénible. Dans la guerre qui fait actuellement rage aux portes de l’Europe, ils ne sont pas épargnés. Bien au contraire, ils sont pris pour cibles. Et en septembre dernier le CEOM et d’autres organisations (EMO’s) ont publié une « déclaration des organisations médicales européennes sur la violence/le burnout à l’encontre des médecins et de tous les professionnels de la santé dans un contexte de guerre »

Une relation sacrée

Les choses peuvent encore changer. Dès 2017 en Espagne, les associations de médecins ont proposé l’inscription de la relation médecin-patient au patrimoine immatériel de l’Humanité par l’UNESCO. Ce dossier est toujours pendant. Le CEOM soutient cette proposition.  Cette sorte de sacralisation donne à espérer à nos confrères espagnols que la population sera plus respectueuse vis-à-vis des soignants.
Les représentants de l'Espagne ont expliqué à la réunion du CEOM comment dans leur pays, après une étude sur la violence faite aux soignants et après avoir insisté auprès des autorités, les sanctions à l’encontre des agresseurs ont été aggravées. En raison de la fonction sociale du médecin, le niveau de sanction est devenu le même que celui qui punit l’agression contre un officier public dans l’exercice de ses fonctions. Même si on peut comprendre une relative agressivité chez le patient en situation difficile, les confrères espagnols espèrent que les modifications légales intervenues contribueront à apaiser la relation médecin-patient. Chez nous aussi, le projet de nouveau code pénal, actuellement à l’examen, envisage l’aggravation des sanctions contre la violence envers les soignants…

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Derniers commentaires

  • CHRISTINE LAMBIN

    06 décembre 2022

    ????, François Planchon !

  • Charles KARIGER

    05 décembre 2022

    Il faut... On doit.... On devrait....
    C'est bien vrai: il-n-y-a-ka.

  • Françoise POOT

    05 décembre 2022

    Je partage cet avis !

  • Francois Planchon

    05 décembre 2022

    Prenons du recul : ces formes de violences s'étendent à tous les services rendus au public, depuis les commerces jusqu'aux hôpitaux en passant par les services sociaux, les pompiers et ambulanciers, les médecins... mais aussi entre des groupes sociaux distincts, ou minoritaires etc.
    On n'en sortira jamais en multipliant uniquement des mesures ciblées qui dispersent les énergies : il faut en parallèle une prévention globale contre la violence en général, par exemple en incluant dès le plus jeune âge scolaire des "ateliers d'empathie", pour cibler les premiers mécanismes de violences depuis les moqueries ponctuelles jusqu'aux harcèlements physiques et verbaux entre les enfants, dans et hors des écoles.
    Si on complète ces mécanismes de valorisation de la solidarité par des visites dans les services au public et le monde du travail, et par des témoignages dans les classes, pour que chacun puisse intérioriser l'organisation de la solidarité collective et l'économie du pays où il vit, on diminuera l'agressivité et les exclusions sociales qui les engendrent.
    On doit recréer et renforcer le respect pour les professionnels de tous les services au public, et les empathies réciproques.
    Si dès le départ on valorise les entr'aides, la solidarité envers toute difficulté que peuvent rencontrer des individus, on peut diminuer les réactions d'agressivité au lieu de les voir augmenter.
    Nous n'échapperons pas aux actions ciblées pour résoudre les problèmes actuels, mais si elles sont soutenues par une prévention en amont qui amorce une diminution "structurelle", on n'aura plus la désagréable impression de l'impuissance devant un puit sans fond.
    Des structures comme les écoles de devoir sont à renforcer, surtout là où il y a une forte proportion de parents ayant des difficultés pour encadrer la scolarité des enfants.
    La promotion des mouvements de jeunesse et d'une offre de loisirs bien diversifiés est aussi un complément indispensable pour aborder une vie sociale où la bienveillance et l'empathie font partie des normes de base...
    On devrait inclure dans l'éducation des enfants puis des jeunes adultes une action globale de prévention contre toutes les formes de violences : femmes, extrémisme religieux, services publics etc...

    Le corollaire à ne pas oublier est la violence institutionnelle, que nous devons aussi traquer, même quand nous sommes submergés par les tâches... C'est un autre débat à mener en parallèle de celui d'obtenir les moyens d'assumer nos missions. Comme le souligne bien cet article : le burnout et violence sont liés.
    Le seul alourdissement des sanctions ne suffit pas : quand une personne a l'impression de ne plus rien avoir à perdre, une sanction alourdie ne l'arrêtera pas..