Dans l’affaire du décès d’une adolescente anorexique de 13 ans suite à une sonde mal placée, le Ministère public a attaqué l’UZ Gent parce qu’il ‘dysfonctionne’. Et parce que tout le système de la formation des spécialistes n’est pas bien conçu. Selon l’UZ Gent, ce sont alors tous les hôpitaux qui dysfonctionnent.
Une infirmière, un médecin et l’UZ Gent doivent se justifier devant le tribunal de la mort de l’adolescente. Elle s’est étouffée parce qu’une sonde d’alimentation lui avait été placée dans les voies respiratoires et non dans l’œsophage. L’erreur a été remarquée trop tard et l’adolescente est décédée dix jours plus tard, le 20 mai 2011.
Un collège d’expert pensait plutôt que les patients anorexiques peuvent être manipulateurs et refuser d’être alimentés, mais ils ont estimé que la piste d’avoir ôté la sonde et de l’avoir remise était très improbable. "Il est clair et net que le mauvais placement de la sonde est la cause du décès", souligne le procureur.
La femme médecin avait été appelée d’un service à l’autre pendant 24 heures et elle était responsable de trois services différents.
Le Ministère public estime toutefois que l’erreur la plus grave se situe au niveau de l’UZ Gent et est structurelle. "Il n’y avait pas de protocoles standards et il n’a pas été prévu de formation. Le dysfonctionnement de l’UZ Gent a été mis en avant." Le procureur estime que le système de formation des spécialistes n’est pas bon: "Le médecin n’était encore que depuis deux mois en formation. Elle avait été appelée pendant 24 heures d’un service à un autre et elle était responsable de trois services différents. C’est une erreur structurelle qui met en cause la responsabilité pénale de l’UZ Gent."
Selon le procureur, le médecin et l’infirmière ne doivent donc pas être punis. Pour l’UZ Gent, une amende a été requise, mais les deux intéressés "bénéficient de la cause d’excuse absolutoire", parce que c’est l’UZ Gent qui porte la plus grande responsabilité.
"Nous n’avons jamais été entendus", estiment les parents
"L’organisation au sein de l’UZ a rendu les erreurs possibles. D’un hôpital universitaire, on peut attendre qu’il prévoie des médecins suffisamment qualifiés, quod non. Un autre assistant aurait fait la même faute parce que l’organisation de l’hôpital est mauvaise". Selon l’avocat des parents de la victime, qui ont lu une lettre dans laquelle ils disent qu’ils n’ont jamais été entendus, l’UZ porte "une responsabilité énorme".
L’UZA et l’UZ Leuven suivent les mêmes procédures
L’UZ demande l’acquittement. "Il n’est pas démontré que le décès de la victime est dû aux erreurs. 90 et 80% de certitude ne sont pas suffisants pour un lien causal. Le doute doit aller au bénéfice de la personne poursuivie", ont plaidé les avocats de l’hôpital.
"L’organisation n’était pas défaillante. Il y avait quatre assistants de dernière année qui dormait à l’hôpital et quatre superviseurs qui étaient joignables par téléphones et qui devaient être sur place dans les 30 minutes. Il n’y a pas de problème structurel, car cela signifierait que chaque semaine, il y aurait un mort. Il n’y a pas non plus de problème organisationnel. L’UZA et l’UZ Leuven suivent par exemple la même procédure. Si nous sommes mal organisés, ils sont tous mal organisés."
"L’UZ Gent est un hôpital sûr et bien organisé avec des directives strictes et du personnel qualifié, bien formé et motivé", a déclaré la porte-parole Emmelien Werbrouck à la fin. Le tribunal rendra son jugement le 14 décembre.