Stop aux abus : le CIMACS dévoile son projet de convention collective de travail pour les médecins en formation

« On veut un contrat du 21eme siècle pour des jeunes médecins du 21eme siècle. C’est fini l’époque des jeunes médecins qui bossent plus et gratuitement » explique Giovanni Briganti, président du Cimacs (Comité Inter-Universitaire des médecins assistants candidats spécialistes). Il formule 24 propositions dans un projet de convention collective de travail Médecins-Hôpitaux. Dont l'une est l’obligation de pointage pour prévenir les abus!

La vie des médecins assistants candidats spécialistes au quotidien dans les hôpitaux se compte souvent en dizaines d’heures supplémentaires. Un projet de convention collective de travail Médecins – Hôpitaux est actuellement en discussion. Le Cimacs, le Vaso (le pendant néerlandophone), l’Absym-Cartel ont déposé leur proposition. Même si elles comportent des points communs, une différence majeure est pointée par Giovanni Briganti, président du Cimacs (Comité Inter-Universitaire des médecins assistants candidats spécialistes) : « Il est normal qu’il y a ait une granularité intrinsèque à chaque interlocuteur : du côté francophone, les médecins en formation subissent un contexte de travail avec beaucoup d’heures supplémentaires souvent non rémunérées et un contexte de pratique et apprentissage du moins compliqué. Nous remarquons systématiquement des non-respects des différentes lois régissant le travail des médecins en formation dans des lieux de stage sur des points qui devraient être contrôlés mais ne le sont pas. Notre demande, ressortissant d’un travail de fond de qualité réalisé par Géraldine Chartier (juriste du CIMACS) et le Dr Jean-Michel Mot (représentant des médécins en formation de Liège), est plus sensible à ce point et s’inscrit en priorité autour de la protection du travailleur qu’est le médecin en formation. Nous demandons notamment l’obligation de pointage pour prévenir les abus, compenser correctement les heures supplémentaires et  améliorer les conditions de travail des médecins en formation »  

Respect des heures et paiement des heures sups

Pour lui, ces différences sont inévitables : « Les conditions de vie au quotidien dans les hôpitaux ne sont pas les mêmes au nord et au sud du pays. Il est donc normal que notre projet de convention s’axe principalement au niveau de la protection du médecin en formation. On rappelle que le barème de base est un temps plein de 40 h semaine. Notre proposition s’élève pour la première année à 27 908,56 €. Toutes les années comptes comme ancienneté en cas de réorientation ou de triple 000. »

Il est aussi important que « les médecins en formation aient droit au premier mois pris en charge à 100% par l’employeur en cas de maladie comme les employés et qu’il y ait une obligation de voir un médecin du travail après une maladie longue durée. »

Le document revient aussi sur le pourcentage de pénibilité, le respect des heures de nuit, sur les gardes rappelables « limitées au nombre de 6 par mois », sur le fait que « les 2 premières heures supplémentaires ne sont pas comptabilisées mais sont payées à leur barème et pénibilité correspondante » ou encore « la protection optimale et effective des femmes enceintes et l’interdiction du travail de nuit pour celle-ci. » Sans oublier des éléments qui ne sont pas anecdotiques pour les médecins en formation comme un casier fermé, une fiche de paie individualisée « complète, lisible et claire » et « un vestiaire unisexe ou cabine individualisée afin de prévenir du harcèlement ».

Ferme et constructif

Ils sont 3 à 4.000 assistants aujourd’hui du côté francophone.  Cette proposition des médecins en formation représentés par le CIMACS pour de la commission paritaire médecin-hôpitaux est donc essentielle : « Il faut au plus vite une protection du travailleur à tous les niveaux : heures supplémentaires et les gardes... On veut une meilleure qualité de vie. La réalité, c’est que les hôpitaux n’ont pas assez de force de travail si nous venons à ne plus effectuer autant d’heures supplémentaires. » Pour lui, ce projet marque la fin de  « l’époque des assistants qui bossent plus et gratuitement. On veut un contrat du 21eme siècle pour des jeunes médecins du 21eme siècle »

Giovanni Briganti se veut ferme et constructif : « On participe aux négociations parce qu’on espère arriver à une solution. Toutes nos demandes sont légitimes. On rencontre des retours positifs du SPF Santé et SPF emploi.  Pedro Facon est d’une efficacité rare dans ce dossier, on le remercie. »

Il ajoute qu’il « n’en veut même pas aux hôpitaux parce qu’ils n’ont pas d’autres choix. Cette démarche en profondeur qui va modifier le paysage doit toutefois aboutir à une nouvelle législation et à des contrôles pour arrêter les abus. » 

> Lire la synthèse de la proposition en 24 points

> Découvrir l'intégralité du "Projet de convention collective de travail Médecins-Hopitaux"

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Derniers commentaires

  • Thierry CONNEROTTE

    25 septembre 2020

    Bien d'accord avec le respect indispensable vis-à-vis des médecins en formation.
    A quand un cadastre de la surcharge de travail des médecins diplômés hospitaliers permanents ?