Une centaine de militants devant la tour des Finances contre le "business de la santé"

 

"Notre santé n'est pas à vendre", clamaient les banderoles de la centaines de militants rassemblés vendredi devant le SPF Santé publique à Bruxelles dans le cadre de la journée d'action européenne contre la commercialisation de la santé. Ils dénoncent les coupes budgétaires dans les soins de santé et la sécurité sociale, imposant de plus en plus une logique marchande au secteur.

Les militants de la CNE, du Setca et de la Plateforme d'action Santé & Solidarité se sont rassemblés peu avant 11h devant la Tour des Finances à Bruxelles, qui abrite le ministère de la Santé.

Ils ont été appelés à afficher des codes-barres sur les murs du bâtiment, tandis que des représentants du secteur de la santé prenaient la parole.

Pour les organisations rassemblées vendredi, l'austérité imposée au niveau européen et appliquée en Belgique par la ministre de la Santé Maggie De Block (Open-Vld) a de graves conséquences sur la qualité et l'accessibilité des soins.

"Dans les hôpitaux, on est de plus en plus dans une logique de productivité et c'est le personnel qui trinque, avec des conséquences sur la qualité des services", regrette une poignée de soignants venus du CHC Liège, un groupe hospitalier composé de six cliniques, de polycliniques et de maisons de repos.

Le recours plus fréquent à la sous-traitance pour les services autres que les soins (stérilisation, laboratoires, call-center...) est problématique, selon eux.

Les militants dénoncent aussi la mainmise de grands groupes sur les maisons de repos en Belgique et en Europe. Des acteurs internationaux comme Orpea, Korian ou Armonea rachètent les maisons de repos et les gèrent ensuite selon des critères purement commerciaux. A Bruxelles, 62% des lits sont détenus par le secteur privé commercial et 50% en Wallonie, selon la Plateforme santé et solidarité.

Le recours à des assurances privées à la carte est également dénoncé. "On est dans un système à deux vitesses, avec une base et des assurances privées onéreuses pour ceux qui pourront se le permettre", selon Yves Hellendorff, secrétaire national CNE en charge du non-marchand. "La santé c'est pour tout le monde, il faut continuer à protéger les plus faibles."

Les organisations présentes à la Tour des Finances demandent donc des balises, notamment dans le cadre de la réforme hospitalière en cours, pour éviter que la logique commerciale ne soit appliquée au secteur. "L'argent de la sécurité sociale ne peut pas être utilisé pour financer des opérateurs privés à but lucratif", note M. Hellendorff. "Par exemple, lorsqu'un hôpital sous-traite son laboratoire, le personnel du laboratoire privé est payé 20% moins cher que dans un labo interne à l'hôpital, parce que les conventions collectives ne sont pas les mêmes. Il faut changer cela."

Le syndicaliste demande également qu'une concertation soit organisée au niveau des réseaux d'hôpitaux que Maggie De Block souhaite mettre en place, afin que les conditions de travail puissent être négociées collectivement.

Ce sujet doit être évoqué le 20 avril lors d'une réunion au niveau fédéral sur la réforme hospitalière et les secteurs non-marchands.

Outre le rendez-vous devant le SPF Santé, les militants ont distribué des tracts à la gare centrale et sur la petite ceinture de Bruxelles au cours de la matinée.

Un colloque sur les conséquences de la commercialisation sur les conditions de travail du personnel de la santé se tiendra à 14h.

Cette action état organisée dans le cadre de la deuxième journée européenne contre la commercialisation de la santé. Une cinquantaine d'actions ont lieu en Europe et à travers le monde vendredi, sous le mot-clé #health4all.

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