Réseaux hospitaliers : l'accord de la Saint-Valentin

La Chambre a bien adopté jeudi 14 février le projet de loi organisant les hôpitaux en un maximum de 25 réseaux à l'horizon 2020, 13 en Flandre, 8 en Wallonie et 4 à Bruxelles. "Toute décision au sein du réseau pouvant impacter l’organisation médicale devra être prise en concertation avec les médecins » rappelle Maggie de Block.

A l'avenir, chaque hôpital général et universitaire fera partie d'un réseau clinique locorégional rencontrant l'ensemble des missions de soins spécialisés. Les soins les plus pointus, comme la chirurgie oncologique complexe ou la chirurgie cardiaque, ne seront pas disponibles dans chaque réseau hospitalier. « La réforme permettra la réalisation d'économies. »

Maggie De Block, la ministre fédérale de la santé était satisfaite à l'issue du vote à la Chambre ce 14 février 2018 du Projet de loi modifiant la loi coordonnée du 10 juillet 2008 sur les hôpitaux et autres établissements de soins, en ce qui concerne le réseautage clinique entre hôpitaux : « A partir du 1er janvier 2020, nos hôpitaux formeront définitivement des réseaux hospitaliers. Le grand gagnant dans cette histoire ? Le patient ! De nos jours, les soins sont tellement complexes qu’il est devenu impossible pour un hôpital individuel de fonctionner de manière isolée. Si l’on veut pouvoir garantir la meilleure qualité aux patients, la seule option est de collaborer.» De son côté,  Paul d'Otreppe, président de l'Association belge des directeurs d'hôpitaux a adressé dans un tweet « ses félicitations à tous ceux qui ont contribué à cette réforme fondamentale du paysage hospitalier belge". Un enthousiasme partagé par Jacques de Toeuf, vice-président de l'Absym : « On est ravi ! Cela fait deux ans que l'on attend. Il était indispensable qu'un cadre légal existe. Le conseil médical de réseau va pouvoir travailler. »

Le surcoût pour les patients

Concrètement, au sein d’un réseau, chaque hôpital proposera les soins généraux, comme la chirurgie courante ou les hospitalisations de jour. À côté de cela, ils passeront des accords entre eux pour l’offre de soins spécialisés comme la maternité, les urgences ou encore les soins de bases des AVC. De son côté, le député André Frédéric (PS) trouve « cette réforme est inaboutie, lacunaire et manquant cruellement de vision. Nous n'avons aucune garantie enfin en matière d'accessibilité financière puisque ce réseautage entraînera par exemple davantage de déplacements pour les patients et donc davantage de coûts dont on ne sait comment ils seront pris en charge. »

Reconversion des sites

Catherine Fonck, cheffe de groupe CDH à la Chambre, pour sa part, « regrette la vision purement économique du projet de loi». Pour elle, la ministre n'a pas travaillé dans « une logique qui associe les patients, les différents soignants et les différentes institutions, depuis le domicile jusqu'à l'hôpital, en passant par d'autres types d'institutions, comme par exemple les maisons de repos et les maisons de repos et de soins. » Elle formule d'ailleurs une proposition : « On pourrait même, pourquoi pas, imaginer - à la suite de la fermeture de lits ou de sites que ce projet va d'office entraîner -, une reconversion des sites ou des services dans certains hôpitaux, par exemple sous la forme de services spécialisés, véritable structure intermédiaire entre l'hôpital et l'institution ou la prise en charge d'aval, qu'il s'agisse du domicile ou de la maison de repos. » Enfin elle déplore « fortement l'absence de lien et de prise en compte de la première ligne dans ce plan. »

Pour l’ABSyM, l’entrée en vigueur officielle des réseaux hospitaliers au 1er janvier 2020 est une étape importante. Les médecins de terrain pourront enfin élaborer des plans pour développer une véritable collaboration, visant à maintenir et /ou améliorer la qualité des soins pour le patient.

Reste à présent à voir sur le terrain comment les hôpitaux vont convoler au mieux...

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Derniers commentaires

  • Harry DORCHY

    15 février 2019

    L’HUDERF n’aurait pas de lits universitaires !

    Le projet de Maggie De Block est constructif et le but est d'améliorer la qualité des soins en permettant de rassembler une masse critique de patients pour avoir l'expérience, avec le meilleur matériel médical, chirurgical, sans redondances, et en faisant des économies…
    Mais il faut remplir plusieurs conditions:

    1) Ne pas mettre en concurrence médicale & financière les hôpitaux d’un même réseau sinon il leur est impossible de fonctionner en saine collaboration.
    2) Hiérarchiser les fonctions médicales entre hôpitaux. Il est anormal qu’un hôpital dit « de référence » accepte des malades tout-venant, non référés par un médecin de ville ou d’un autre hôpital qui n’est pas « de référence » pour la pathologie concernée. En plus les hôpitaux de référence gardent trop souvent les patients alors qu’il devraient être renvoyés à l’expéditeur médecin avec un rapport médical ad hoc. En prime le patient qui arrive aux urgences est trop souvent examiné par un apprenti spécialiste moins expérimenté que le médecin référent.
    3) Il faut que la majorité des médecins des hôpitaux universitaires soient salariés pour maintenir aussi des activités, non rentables financièrement, d’enseignement et de recherche. Mais les subsides étatiques doivent être justement adaptés et contrôlés. Les émoluments des médecins ne doivent pas être secrets. In illo tempore (quand le veau d’or était méprisé), les émoluments des médecins dans l’hôpital universitaire public, étaient fonction du grade et des compétences (qualité des soins, enseignement, recherche) jugées par le conseil médical de l’hôpital ET l’Université, et de l’ancienneté. Maintenant des chefs de clinique ou de service sont nommés par sans passer par l’Université, faute de CV répondant aux critères académiques, mais l’hôpital se veut toujours « universitaire ». En plus, certains spécialistes qui génèrent beaucoup d’argent via le hasard des remboursements des actes par l’INAMI (ce qui ne signifie pas obligatoirement qu’ils travaillent plus), négocient aussi secrètement leur rémunération. A ancienneté et grade égaux, l’écart peut aller de 1 à 3, ce qui est source de conflits. Heureusement, ils peuvent être, cliniquement, très compétents.
    5) La rentabilité ne peut pas être uniquement définie en termes d’argent. Maintenant, quand on parle de rentabilité, il s’agit toujours de rentabilité financière ET NON de la qualité des soins. On n’essaie même pas de la mesurer objectivement quand c’est possible (par exemple en diabétologie, HbA1c et qualité de vie). Il faudrait définir des marqueurs OBJECTIFS de qualité dans toutes les spécialités dans un premier temps, puis y associer la comparaison des coûts et de la durée d’hospitalisation et non l’inverse.

    Grand problème pour l’HOPITAL UNIVERSITAIRE DES ENFANTS REINE FABIOLA (HUDERF) à Bruxelles qui n’est PAS ACADEMIQUE, alors que ses dirigeants prétendent que la pédiatrie académique de l’ULB y est logée… et non au sein d’Erasme… C’est vrai, mais c’est une erreur historique du prof H. Vis qui a refusé d’intégrer Erasme (et donc de rester au CPAS de Bruxelles) pour des raisons personnelles, alors que les dirigeants de l’UZ VUB ont exigé que le prof H. Loeb quitte l’hôpital Saint Pierre pour rejoindre l’UZ devenu AZ…

    En plus les lits PEDIATRIQUES UNIVERSITAIRES ne sont pas à l’HUDERF, mais à l’hôpital universitaire Saint-Pierre à Bruxelles, à Mons et à Charleroi…Incroyable !!!

  • Jacques MAIRESSE

    15 février 2019

    Une catastrophe médicale... planification à la soviétique... les médecins s'en mordront les doigts et les patients aussi...