Soins dentaires: les factures des prothèses fixes trop élevées et opaques, selon la MC

Les prothèses dentaires fixes, pour lesquelles il n'existe aucun remboursement de l'assurance soins de santé obligatoire, ont un prix souvent très onéreux et leur tarif manque de transparence, ressort-il mercredi du premier baromètre en soins dentaires réalisé par la Mutualité chrétienne.

La Mutualité chrétienne (MC) s'est penchée, entre 2016 et 2018, sur l'évolution du coût à charge du patient pour les différents types de prothèses. Pour ce faire, elle a passé au crible près de 4.000 factures de ses membres affilés à Dento +, son assurance dentaire facultative. 

Il en ressort que les patients doivent débourser en moyenne 850 euros pour un implant dentaire, 660 euros pour une couronne et 1.990 euros pour un bridge (3 dents). L'étude montre par ailleurs que la facture peut parfois varier du simple au triple: ainsi dans le cas d'une couronne sur un implant, les tarifs débutent à 1.000 euros et grimpent jusqu'à 3.200 euros. 

Si les prix moyens sont restés stables entre 2016 et 2018 pour les implants, les couronnes et les bridges; les tarifs des Inlay/Onlay (qui remplace une partie de la dent naturelle, avec de la résine ou de la céramique) et des Attachements (dispositif mécanique permettant d'accrocher une prothèse dentaire amovible à des dents naturelles ou à des implants) - 526 et 538 euros - ont augmenté respectivement de 16,50 et 31% sur deux ans, constate la MC. 

«Notre 1er baromètre des soins dentaires consacré aux prothèses fixes non remboursées en assurance obligatoire montre à quel point les prix peuvent s'envoler... sans savoir exactement ce qui le justifie», s'inquiète Jean Hermesse, secrétaire général de la Mutualité chrétienne. «Pour rendre les prothèses accessibles à tous, la transparence et une régulation s'imposent.»

La MC plaide donc, à l'instar de ce qui se pratique en Allemagne, pour que le dentiste précise sur sa facture le prix des prestations qu'il a lui-même accomplies mais aussi celui du matériel facturé par les fournisseurs et laboratoires. «En amont des prestations, il faudrait rendre obligatoire la remise d'un devis au patient lorsqu'un plan de traitement en soins dentaires est nécessaire», ajoute encore la mutualité.

La MC se positionne par ailleurs pour le remboursement des prothèses dentaires par l'assurance soins de santé obligatoire, alors que seuls 7% des Belges sont assurés via une assurance dentaire commerciale ou mutualiste. «À condition toutefois que les prix du matériel médical soient plafonnés et que des honoraires maximums soient fixés. Sans cela, on assistera à une spirale inflationniste du coût des prothèses», spécifie-t-elle.

Concrètement, la MC recommande de prendre pour modèle le 'Reste à charge zéro', récemment adopté en France et qui permettra, dès l'année prochaine, de rembourser à 100% certaines prothèses dentaires notamment.

La MC appelle, par ailleurs, à renforcer la prévention et la promotion de la santé bucco-dentaire, ce qui permettrait «de réduire les actes prothétiques à l'âge adulte et les frais de soins dentaires les plus coûteux», selon le secrétaire général de la MC. Surtout lorsqu'on sait que plus d'une personne sur quatre n'a pas consulté une seule fois un dentiste en l'espace de trois ans.

La MC plaide encore pour que des hygiénistes bucco-dentaires soient formés en Wallonie et à Bruxelles et réclame d'augmenter le nombre de dentistes conventionnés. Actuellement, seuls 60% des dentistes appliquent les tarifs officiels.

Le budget de l'assurance soins de santé obligatoire alloué aux soins dentaires tourne autour d'un milliard d'euros par an (992 millions exactement).

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