Le milliard d’avance : cadeau ou prêt ? ( Dr Ph.Devos )

L’avance de deux milliards d’euro aux hôpitaux a généré une grande incertitude quant à son utilisation au sein des hôpitaux, en particulier sur la part qui revient aux médecins. L’envoi d’une circulaire aux hôpitaux qui se veut exclusivement « informative » n’a que partiellement aidé les conseils médicaux.

Alors cadeau ou prêt ? En fait les choses sont claires : c’est un prêt sans intérêt qu’il faudra entièrement rembourser en 2021. Ce n’est rien d’autre qu’un prêt. Point.

Evidemment, comme aucun hôpital ne parviendra à rembourser ce prêt en 2021 si on laisse leurs finances dans l’état actuel, certains se sont mis à rêver que ce prêt ne devrait jamais être remboursé.

Depuis lors, l’INAMI a confirmé sans aucune hésitation que ce prêt devra être remboursé à 100%. Mais un autre mécanisme, avec des budgets au moins semblables, va être mis en route d’ici le remboursement, afin de donner aux hôpitaux les moyens de rembourser.

Il y aura donc le prêt d’un côté (avance) et un financement complémentaire d’un autre côté.

Si au niveau macro, le financement sera égal voire supérieur au prêt, il n’y a par contre aucune garantie qu’au niveau micro un hôpital touche en financement l’équivalent de l’avance. En effet, l’avance a été décidée dans l’urgence afin d’éviter la cessation de paiement des hôpitaux. Cette avance a donc été calculée sur ce qu’on avait comme information à l’époque à savoir une base historique (les comptes 2018).

Pour ce qui est du financement, l’INAMI et les fédérations hospitalières étaient demandeurs d’un système plus proche de l’implication réelle de chacun qu’une base historique. Un travail d’analyse des coûts et des manques à gagner a été effectué par les hôpitaux. Il doit à présent passer la barre du budget et du politique.

Pour les médecins, les choses suivent le même chemin. L’ABSyM, de même que les autres syndicats, ont rendu un cahier de demandes de financements de surcoûts, de temps de travail augmenté et de manques-à-gagner. Le travail de discussion et d’analyse avec l’INAMI est en cours. Une fois terminé, il faudra aussi passer la barre du politique. Les premiers contacts que nous avons montrent que le vent politique semble plus favorable au monde hospitalier et infirmier qu’au monde médical, faussement considéré comme suffisamment aisé que pour être moins aidé.

Le risque est qu’en plus, le soutien financier aux hôpitaux soit insuffisant par rapport aux frais et que les hôpitaux équilibrent leur bilan par une montée des prélèvements sur honoraires. Le travail syndical ne manquera donc pas ces prochaines semaines.

Concernant la répartition de l’avance, 70% sont disponibles pour les médecins. L’INAMI a confirmé que les hôpitaux doivent mettre à disposition ces 70% pour les médecins. Les conseils médicaux doivent défendre leurs droits. L’INAMI pourra apporter des informations aux conseils médicaux et l’ABSyM pourra leur apporter éclairage et soutien.

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