Bozar propose de regarder "Au-delà de Klimt" cet automne

Il y a cent ans disparaissait l'artiste symboliste autrichien Gustav Klimt (1862-1918). Cofondateur, avec Josef Hoffmann, du "Wiener Werkstätte" lié au mouvement de la "Sécession viennoise", propagateur de l'Art Nouveau en Autriche et ailleurs, il fut à la fois provocateur et iconoclaste, permettant à la femme de se libérer progressivement des lourdes contraintes sociales qui pesaient sur elle. Il y a un siècle également mourait le peintre, dessinateur et poète autrichien Egon Schiele (1880-1918), qui joua un rôle de premier plan dans l'histoire des relations entre l'art et l'érotisme en laissant choir les "tabous bourgeois".

Pour commémorer ce double anniversaire et dans le cad re de la présidence autrichienne du Conseil européen et en partenariat avec le Belvédère à Vienne et la Galerie nationale hongroise à Budapest, Bozar à Bruxelles présente, du 21 septembre au 20 janvier, une exposition intitulée "Au-delà de Klimt. Nouveaux horizons en Europe centrale". Elle réunit, non seulement des oeuvres de ces deux grands maîtres, mais également de quelque 80 artistes issus de l'ancien Empire austro-hongrois. Parmi eux: Oskar Kokoschka (1886-1980), Koloman Moser (1868-1918), Laszlo Moholy-Nagy (1895-1946), Frantisek Kupka (1871-1957) ou encore Alfred Kubin (1877-1959)

Les visiteurs sont donc invités ici à découvrir les mouvements d'avant-garde internationaux qui se sont développés à l'issue de la Première Guerre mondiale: Surréalisme, Expressionnisme, Néoréalisme, Constructivisme ainsi que le style "Bauhaus" proposé par les artistes de l'école d'art allemande créée à Weimar en 1919.

On se trouve donc bien à un tournant de l'histoire artistique européenne, accompagné d'une série de bouleversements politiques, économiques et artistiques. En 1918, en effet, l'empire austro-hongrois est démantelé en des états-nation de plus petite taille. Et cette année est aussi celle du décès, non seulement de Klimt et de Schiele, mais aussi de Koloman Moser et de Otto Wagner (1841-1918). Figures de proue de la "Sécession viennoise", ils incarnent, avec leur style Art Nouveau spécifique, les beaux jours de la "Belle époque" dans la capitale autrichienne. De fait, leur décès marquera la fin d'une époque. Mais comment ont-ils influencé le s artistes de la génération suivante et quels courants verront le jour dans cette région ?

Pour répondre notamment à ces questions, l'exposition fait la part belle aux évolutions artistiques et autres mouvements d'avant-garde en Europe centrale au cours des années charnières 1914 et 1938, date de l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne. Les artistes de l'ancien Empire tisseront des liens avec les scènes artistiques du monde entier, développant des réseaux, en communiquant dans les magazines et, par-delà les nouvelles frontières politiques, en se rencontrant dans des centres artistiques ou par le biais d'associations. Ils placeront leur identité avant leur nationalité. Mais cette tendance à l'internationalisation sera brutalement interrompue par le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale qui estompera, en quelque sorte, ce sentiment de culture partagée.

Malgré les pesanteurs de l'ordre moral, les femmes pourront désormais s'affirmer en accédant aux études et en posant leurs revendications dans le domaine de la sensualité. Séduction et ambiguïté seront les armes avouées du "pouvoir absolu" des femmes. Corps offerts, lèvres entrouvertes, regards mi-clos sont les signes évidents de cette domination qui se voile encore parfois sous le masque trompeur de la docilité soumise.

Pour promouvoir cette émancipation, Klimt aura à se défaire de bien de pressions mais refusera toujours de désamorcer la charge sexuelle qui se dégageait de son travail, n'hésitant pas à montrer des corps nus dans une "crudité"absolue, du moins pour l'époque Son attitude permettra à plusieurs générations d'artistes, dont Schiele, de s'engouffrer dans cette voie.

"Assez de censure. Je m'en tiens à moi-même. Je veux me libérer, me débarrasser de toutes ces absurdités étouffantes qui gênent mon travail et revenir à la liberté. Je refuse toute aide de l'Etat", dira Klimt sur un ton freudien, lui qui était précisément hanté, comme le père de la psychanalyse, par la question de la vérité et de l'énigme du féminin.

Son talent, son habilité et sa finesse dans le travail seront rapidement reconnus, ce qui va lui valoir de bénéficier d'importantes et prestigieuses commandes, comme la décoration du Palais Shurany à Vienne, du Château royal de Palesh en Roumanie mais aussi du Palais Stoclet situé avenue de Tervueren à Bruxelles (Woluwé-Saint-Pierre), conçu en 1904 par Josef Hoffmann pour le compte du financier belge Adolphe Stoclet et qui figure sur la liste du Patrimoine mondial de l'Humanité (UNESCO).

Relevons enfin, que l'artiste de réalité virtuelle, Frédérick Baker, a créé, en parallèle de cette exposition, un "Jardin magique de Klimt", inspiré du triptyque en mosaïque réalisé par le maître pour le Palais Stoclet. Le visiteur est invité ici à découvrir un univers en or, plein de vrilles en spirales, de chutes d'eau et de buissons de roses.

> Renseignements et informations: www.bozar.be

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.