Certificat de courte durée : « repenser ce qui doit absolument être médicalement certifié » (GBO)

Un premier pas frileux par rapport au problème bien plus vaste de la charge administrative des MG, assené par médias interposés sans concertation des secteurs dont l’adhésion aurait été nécessaire (médecins, salariés et employeurs), et qui ne s’attaque pas à la racine du mal ‘absentéisme’… Le GBO n’est pas tendre sur le dossier ‘suppression du certificat de courte durée’. Il demande le retour des sommes épargnées dans le budget des généralistes.

Pour Paul de Munck, président du GBO, il est « grand temps de repenser ce qui doit absolument être médicalement certifié de ce qui ne le doit pas ». Les velléités de la Vivaldi (*) de supprimer les certificats d’ITT pour maladie de courte durée ne reflètent jamais qu’une des facettes de la charge paperassière qui pèse sur la médecine de famille. D’autres mesures en rapport avec les certificats s’imposent, en matière de standardisation des procédures et d’informatisation, dit-il. Et son syndicat d’en appeler, par exemple, à mettre les bouchées doubles sur le projet de digitalisation mult-eMediatt.

Pour soulager les MG, il faudrait aussi songer à uniformiser les documents spécifiques attendus « pour l’enseignement, la SNCB, l’armée, la police, MEDEX, les services médicaux gérant les incapacités de travail désignés par les employeurs, les mutualités, etc ». Dans le même ordre d’idées, le GBO préconise un débat avec les stakeholders sur ces pressions exercées par diverses organisations, dont les clubs sportifs, pour que leurs membres produisent des certificats « de bonne santé » affirmant qu’ils sont à même de s’adonner à telle ou telle activité. « Ces derniers ne reposent sur aucune évidence scientifique, sont dénués de pertinence et servent le plus souvent de ‘parapluie’ », dénonce le syndicat. Toujours au rayon des discussions à ouvrir, il pointe le dialogue à initier avec les responsables de l’enseignement : les certificats exigés actuellement par les écoles sont-ils forcément pertinents ?

Pour Paul de Munck, un maître-mot doit en tout cas rester la concertation préalable avec les prestataires dès qu’apparaît une nouvelle nécessité (?) de formalités administratives en matière de certificats d’incapacité, d’aptitude, ou donnant droit à des avantages sociaux, formalités dont hériteraient les MG. « La médecine du travail, par exemple, mieux financée par un fonds global, pourrait jouer un rôle beaucoup plus important. »

Pour en revenir à l’abolition des certificats courts, le GBO est d’avis que la mesure n’aurait qu’un « impact très limité sur l’allègement des charges administratives et sur la surcharge des consultations », en admettant que celle-ci peut fortement varier selon les contextes socioéconomiques. Il n’y voit « pas de risque majeur de report de soins ou d’automédications inappropriées », d’autant que d’après lui les téléconsultations peuvent permettre au patient et au médecin de décider ensemble si une consultation s’impose ou non.

Le syndicat plaide pour attaquer le mal des absences de courte durée à la racine, à savoir : le climat stressant régnant en milieu professionnel. « Dans les pays où ce certificat n’est plus exigé, la fréquence des absences de courte durée a diminué. Aux Pays-Bas, 37% des absences de courte durée sont liées au stress au travail. » Pas d’angélisme, il existe bien des demandes de certificats non fondées. Mais pour le GBO, il faut s’écarter de l’image archaïque du travailleur profiteur et du médecin trop complaisant.

Enfin, le Dr de Munck cite une étude de l'université de Hasselt (en néerlandais) selon laquelle les certificats de maladie de 1 à 3 jours sont au nombre de 3 à 3,6 millions/an, soit un coût approximatif évalué de 60 à 70 millions d’euros/an pour l’Inami. Si pareille économie est réalisée par leur suppression, le GBO demande aux autorités que « le montant épargné soit directement affecté ailleurs dans le budget de la médecine générale pour d’autres besoins non ou insuffisamment couverts ».

A noter que l’ABSyM a récemment donné un coup de sonde en interne sur la question, qui trahit des différences de perception nord-sud

(*) En attendant la déclaration d’A. De Croo cet après-midi à la Chambre, la presse du nord du pays a relayé la décision de supprimer l'exigence de certificat médical pour un jour d'absence et ce jusqu'à trois jours par an, sauf dans les PME

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.

Derniers commentaires

  • Charles KARIGER

    27 octobre 2021

    Si les employeurs, les assureurs (privés comme INAMI ) ou les Ministères de l'enseignement, etc... veulent une confirmation par un(e) de la justification d'une absence au travail ou à l'école, il leur est parfaitement possible de la demander à un(e) médecin-expert.
    Au tarif des experts.
    Point barre !