Les conseils d’administration des deux institutions ont approuvé, ce 21 mai, la fusion des deux hôpitaux, qui avaient déjà signé un protocole d’accord le 18 décembre 2024. Les présidents des conseils médicaux des deux hôpitaux, Roland Hustinx et Alexandre Biermans, expliquent les raisons de cette union. Elle sera effective au 1er janvier 2026.
Ce n’est pas une surprise. Tant les médecins que les gestionnaires travaillent depuis des mois afin de préparer cette fusion, qui va réunir une clinique de proximité de 160 lits et un hôpital universitaire multi-sites de 1 038 lits. « Au départ, c’est la Clinique André Renard (CAR) qui a contacté le CHU de Liège pour réaliser cette fusion », rappelle Roland Hustinx, président du conseil médical (CM) du CHU de Liège. « Les conseils médicaux et les médecins ont discuté entre eux. Nous avons beaucoup travaillé. Tous les chefs de service du CHU ont rencontré la majorité des médecins de la CAR. Au final, nous sommes arrivés à un protocole d'accord médical. Il a été voté par le CM du CHU le 22 avril et par le CM de la CAR au début de ce mois. »
« En 2024, nous étions demandeurs d’une fusion avec le CHU de Liège parce que la Clinique André Renard est une petite structure hospitalière qui a été fragilisée par la crise sanitaire, la crise énergétique et la pénurie de personnel médical et paramédical », explique Alexandre Biermans, président du CM de la CAR. « Cela devenait difficile de pouvoir maintenir une activité médicale et la qualité des soins en raison des pressions exercées sur nos finances et les ressources humaines. C’est dans ce contexte que nous avons cherché un partenaire vers lequel nous pouvions nous rapprocher. »
Un des objectifs de cette fusion est de permettre à la CAR de maintenir une activité de proximité dans son bassin de soins tout en renforçant cette activité grâce aux moyens que le CHU de Liège peut mettre à sa disposition. « Nous avons des liens déjà étroits et anciens avec la CAR. De nombreux médecins du CHU y font des consultations. Moi-même, j’ai travaillé à André Renard durant des années », commente le Dr Hustinx. « C’était une démarche assez naturelle que de répondre à la sollicitation de la CAR. Actuellement, la plupart des fonctions sont remplies par les médecins de la CAR, mais nous allons rapidement développer des synergies. Nous allons, dans la mesure de nos moyens, renforcer les secteurs d’activité qui ont besoin de l’être. Après une première phase d’observation, nous allons essayer d’aller un petit peu plus loin, puisqu’au sein d’une même institution, il est nécessaire de rationaliser. Nous allons concentrer certains pôles d’activité sur le site d’André Renard ou sur d’autres sites du CHU de Liège. Par exemple, nous pourrions centraliser notre centre du sommeil à Herstal. »
La fusion avec l’hôpital académique wallon va renforcer l’attractivité de la CAR. « Nous allons pouvoir offrir à nos patients des trajets de soins secondaires et tertiaires que la Clinique André Renard ne pouvait évidemment pas dispenser seule », ajoute Alexandre Biermans. « En renforçant encore nos liens, nous allons pouvoir apporter une expertise universitaire. »
Unification du statut des médecins
Les statuts des médecins – indépendants à la CAR et salariés au CHU – vont être progressivement unifiés. « Les médecins de plus de 55 ans et qui ont moins de 5/10 d’activité à la CAR ne devront pas changer de statut », précise Alexandre Biermans. « Pour les médecins travaillant à plus de 5/10 et qui auront moins de 55 ans en janvier 2026, il y aura un changement de statut qui devra être effectif au plus tard le 1er janvier 2031. »
Le projet médical a été approuvé par les membres du CM et l’assemblée générale des prestataires de soins de la CAR.
« Cette opération de fusion se passe, en tout cas jusqu’à présent, dans de bonnes conditions. Les discussions ont été très méthodiques, très étendues et très ouvertes. Le conseil médical de la CAR et celui du CHU ont été totalement transparents avec le corps médical. C’était la condition nécessaire à la réussite de l’opération. Au final, c’est extrêmement positif pour la population liégeoise », renchérit le Dr Hustinx. « Dans les prochaines années, nous allons devoir faire face à un défi en termes de rationalisation des soins de santé, de technologies et pour l’implémentation de l’intelligence artificielle. Nous aurions beaucoup plus de difficultés à relever ces défis en étant une petite structure plutôt qu’en appartenant à une grosse institution », conclut Alexandre Biermans.
Cette fusion ne concerne évidemment pas que les activités médicales, mais aussi l’ensemble des activités de support de l’hôpital, ce qui permettra de réaliser des économies d’échelle. « Nous effectuons tout un travail de mutualisation au niveau des services administratifs et de la structure de la gouvernance interne », signale Delphine Gilman, responsable des relations institutionnelles et de la stratégie du CHU de Liège. « Nous préparons un plan stratégique général qui va être forcément mis en commun. Un vaste chantier a déjà aussi été entamé au niveau des directions pour que cette mutualisation soit opérationnelle et qu’elle puisse se faire au bénéfice du projet médical, des médecins et, au final, des patients. »