L’Association belge des syndicats médicaux (ABSyM-BVAS) et le Cartel (ASGB-GBO-MoDeS) unissent leurs forces pour défendre les intérêts des médecins face aux projets de réforme du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke. Dans un communiqué commun diffusé mercredi, les deux syndicats affirment vouloir contribuer de manière constructive à l’avenir des soins de santé, mais dénoncent un dialogue devenu un « monologue » et présentent cinq lignes rouges à ne pas franchir.
« Là où un dialogue devrait avoir lieu, nous nous heurtons à un monologue », regrettent les présidents des deux syndicats, le Dr Johan Blanckaert (ABSyM) et le Dr Thomas Gevaert (Cartel). Selon eux, les propositions médicales sont systématiquement écartées. Face à cette impasse, ils annoncent leur volonté d’agir ensemble « pour imposer le respect du modèle de concertation ».
Liberté de conventionnement
Première exigence : le libre choix pour un médecin de se conventionner ou non. « Nous nous opposons expressément à toute mesure qui limiterait cette liberté », avertissent les syndicats. Ils rappellent que la convention ne peut fonctionner que si elle est perçue comme « un costume sur mesure, et non comme un carcan ». Seul le statut social doit, selon eux, différencier les médecins conventionnés des autres.
Indépendance syndicale
Autre point sensible : la volonté du ministre de lier le financement public des syndicats au taux de conventionnement de leurs membres. Pour les deux organisations, cela reviendrait à conditionner leur indépendance à leur alignement sur la politique gouvernementale. « Les syndicats ne sont pas des exécutants de la politique », dénoncent-ils, soulignant que leur voix critique coûte « moins cher que les consultants onéreux » du système.
Pas de réforme de la convention sans refonte globale du système
Une adaptation du modèle de la convention est, selon l’ABSyM et le Cartel, « inconcevable sans un accord entre les médecins et les mutuelles », et sans « une réforme fondamentale préalable de la nomenclature et du financement des hôpitaux ». L’introduction de pseudocodes est également jugée indispensable pour « garantir un remboursement correct des frais ».
Les deux syndicats refusent catégoriquement la logique de réforme partielle : « Nous disons clairement non à la tactique du ‘saucissonnage’ que le ministre semble vouloir adopter. » Selon eux, « le puzzle doit être complet » : en l’état, « le puzzle que le ministre veut mettre en place ressemble à du gruyère, et non à une image complètement réformée ».
Enfin, ils rappellent que le modèle de convention « ne peut fonctionner que s’il est perçu par le médecin comme un costume sur mesure, et non comme un carcan ».
Extension de l’intervention majorée jugée irréaliste
À partir de 2026, 3,4 millions de Belges, si l'on y ajoute les malades chroniques, pourraient bénéficier de l’intervention majorée (IM), un chiffre jugé peu crédible. « Le ministre Vandenbroucke et les mutuelles jouent à Saint-Nicolas avec l’argent des médecins », s’indignent les syndicats. Ils estiment que cette extension, non financée, risque de compromettre l’équilibre du système à long terme. « Beaucoup de médecins ménagent déjà les patients vulnérables. Mais cette généralisation est irréaliste et dangereuse. »
Refus d’une ligne téléphonique de dénonciation
Enfin, l’ABSyM et le Cartel rejettent la création d’un point de contact pour signaler les abus de certificats médicaux. « Une ligne téléphonique n’est pas une option », tranchent-ils, préférant des solutions structurelles contre la fraude sociale. « Dénoncer et sanctionner les médecins ne réduira pas le nombre de malades de longue durée », soulignent-ils, appelant à un accompagnement individualisé plutôt qu’à une chasse aux sorcières.
En conclusion, les syndicats préviennent : "Si les principes susmentionnés ne sont pas respectés, nous évoluerons vers une médecine d'État. Et cela ne convient pas ni à l’ABSyM-BVAS ni au Cartel/ASGB. L'exemple du Royaume-Uni nous enseigne que cela garantit des médecins démotivés, de longs délais d'attente et une baisse de la qualité des soins. "
"En unissant nos forces", poursuivent les syndicats,"nous voulons imposer le respect du modèle de concertation. Nous continuerons à nous engager pour une rémunération équitable et correcte des médecins, des tarifs équitables pour les patients et nous voulons collaborer à des réformes qui soient soutenues, mûrement réfléchies et équitables."
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