Le gynécologue congolais Denis Mukwege, co-lauréat du prix Nobel de la Paix 2018 et son complice, le professeur belge de chirurgie Guy-Bernard Cadière, racontent dans un livre écrit à quatre mains l'amitié qui s'est installée entre eux, leur permettant de progresser ensemble dans la «réparation» des femmes, jeunes filles et même fillettes victimes de graves violences sexuelles dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), un phénomène qui tend encore à s'étendre.
Le Dr Mukwege, titulaire de nombreux prix internationaux, dirige l'hôpital de Panzi, à Bukavu, le chef-lieu du Sud-Kivu, dans l'est congolais, en proie à des décennies de violences. Cet établissement qu'il a créé en septembre 1999 a pris en charge 54.471 survivantes de violences sexuelles - parfois des nourrissons - et 41.637 patientes souffrant de pathologies gynécologiques, selon des chiffres arrêtés à la mi-2018.
«On est presque tombé amoureux l'un de l'autre», a plaisanté le Dr Mukwege lundi lors d'un entretien accordé à l'agence Belga en compagnie de son complice à l'occasion de la sortie de cet ouvrage, intitulé «Réparer les femmes. Un combat contre la barbarie».
Le livre décrit l'«aventure merveilleuse» qui a uni le destin des deux médecins, l'un né le 1er mars 1955 à Bukavu et qui étudié la médecine au Burundi avant de se spécialiser en France et l'autre qui vu le jour en 1956 à Bruxelles pour devenir l'un des pionniers de la chirurgie minimale invasive par voie laparoscopique.
Les deux hommes se sont rencontrés par hasard en mai 2011 à Bruxelles lors de la remise au Dr Mukwege du prix international Roi Baudouin pour le Développement. Ils ont ensuite développé ensemble de nouvelles techniques pour traiter les victimes de violences sexuelles et publié dans des revues internationales une codification de ces nouvelles interventions chirurgicales.
«On commence à élaborer de nouvelles stratégies opératoires que personne n'a jamais faites. On a élargi le champ des possibles», a résumé le professeur Cadière.