(Hydroxy)chloroquine, vaccin anti-SARS-CoV-2 et traçage font le buzz…(Revue de presse)

Faisant confiance à plusieurs expériences anecdotiques, l’hydroxychloroquine et la chloroquine ont été largement prescrites, souvent en combinaison avec un macrolide de deuxième génération, une situation qui pourrait changer, du moins chez les patients hospitalisés, si l’on en croit la vaste étude récemment publiée dans The Lancet. Que dire aussi des premiers résultats concernant les vaccins anti-COVID-19 dans le contexte de la méfiance de plus en plus répandue contre les vaccins en général? Enfin, distanciation et traçage restent les maîtres-mots de la prévention d’une deuxième vague. Résumé.

Elle a fait le buzz, probablement parce qu’elle remet en cause les croyances et les habitudes de prescription de beaucoup, l’étude récemment publiée dans The Lancet sur l’utilisation de l'hydroxychloroquine ou de la chloroquine avec ou sans macrolide (1). Rétrospective et observationnelle, cette étude a recueilli les données de 96032 patients hospitalisés avec diagnostic de Covid-19 confirmé par laboratoire dans 671 hôpitaux de six continents, entre le 20 décembre 2019 et le 14 avril 2020. Parmi ces patients, 14888 avaient reçu de la chloroquine avec/sans macrolide (n=4783 et 1868) ou de l’hydroxychloroquine avec/sans macrolide (=6221 et 3016) et ils ont été comparés aux 81144 patients qui n’avaient reçu aucun de ces 4 traitements au cours des 48 heures qui suivaient le diagnostic. L’analyse des 10698 décès (11,1%) a montré un taux de décès de 9,3% dans le groupe contrôle et de 22,2% et 16,4% dans le groupe chloroquine avec/sans macrolide et de 23,8% et 18,0% dans le groupe hydroxychloroquine avec/sans macrolide. Concernant les facteurs de confusion, il est apparu que l’âge, l’IMC, la race noire ou l’origine hispanique, la présence de maladies coronariennes, d’une insuffisance cardiaque congestive, d’antécédents d'arythmie, d’un diabète, d’une HTA, une hyperlipidémie, une BPCO, le tabagisme et l’immunodépression ont été associés également à un risque plus élevé de décès hospitaliers. A contrario, on a observé un risque réduit de mortalité hospitalière dans le sexe féminin, en cas d’origine asiatique, d’utilisation d'un IEC (mais pas d’un sartan) et d’une statine (Figure 1).

Figure 1: Prédicteurs indépendants d’un décès au cours de l’hospitalisation

Parallèlement, une coronaropathie et une insuffisance cardiaque congestive, un antécédent d’arythmie, une BPCO et les mêmes 4 traitements étaient associés à un risque significativement plus élevé d’arythmie ventriculaire avec un risque de décès par arythmie de 8,1% et 6,1% sous hydroxychloroquine avec/sans macrolide et de 6,5% et 4,3% sous chloroquine avec/sans macrolide.

Il ne faut cependant pas jeter le bébé avec l’eau du bain car cette étude avait des limites : rétrospective et observationnelle, elle ne concernait que des patients hospitalisés, ne renseigne pas les dosages et ne donnait pas d’indication sur l’intervalle QT avant traitement, de détaille pas les types d’arythmie, ni les traitements concomitants ni les comorbidités. La seule conclusion formelle est que la chloroquine et l’hydroxychloroquine avec/sans macrolide ne permettent pas de réduction de mortalité chez les patients hospitalisés. Peut-être est-il trop tard?

Un premier vaccin COVID à atteindre la phase 1 (2)
Un vaccin exprimant la protéine des pointes du SARS-CoV-2 vient de franchir avec succès les portes de la phase 1 en démontrant après 28 jours chez 108 adultes qu’il est safe, bien toléré et capable de générer une réponse immunitaire. Ce n’est cependant qu’après 6 mois, objectif final de l’étude, que l’on pourra juger de la pertinence de ce vaccin.

Par ailleurs, un communiqué de presse de la firme Moderna (3) fait état de la prévention de la réplication pulmonaire du virus chez la souris avec un vaccin mRNA-1273 et de données d’immunogénicité intermédiaires disponibles chez l’homme après 2 injections de 25µg et 100 µg et une de 250µg. L’existence d’anticorps neutralisants chez les 4 premiers les a conduits à envisager une phase 2 avec les doses de 50µg et 100µg et une phase 3 pour juillet.

De l’intérêt de réduire les contacts et d’effectuer un traçage pour prévenir une deuxième vague
Une étude néerlandaise a modélisé le nombre de contacts avant et après confinement (4). Elle souligne clairement la réduction du nombre de contacts quel que soit l’âge de la personne concernée (Figure 2).

Figure 2: Nombre de contacts par personne avant (en rouge) et après (en bleu) le confinement

Parallèlement, une autre étude néerlandaise a analysé et confirmé le fait que plus le délai entre la détection d’un cas et le traçage de ses contacts est court, moindre est la transmission du virus (Figure 3)(5), ce qui est d’un intérêt majeur pour prévenir la survenue d’une deuxième vague.

Figure 3: Pourcentage de cas prévenus en fonction du délai avant l’isolation du cas incidentiel 

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    1. Mehra M, et al. Cardiovascular Disease, Drug Therapy, and Mortality in Covid-19 [published online ahead of print, 2020 May 1]. N Engl J Med. 2020;NEJMoa2007621.
    2. Zhu F, et al. Safety, tolerability, and immunogenicity of a recombinant adenovirus type-5 vectored COVID-19 vaccine: a dose-escalation, open-label, non-randomised, first-in-human trial. The Lancet online first. May 22, 2020DOI:https://doi.org/10.1016/S0140-6736(20)31208-3.
    3. https://investors.modernatx.com/news-releases/news-release-details/moderna-announces-positive-interim-phase-1-data-its-mrna-vaccine/
    4. Backer J, et al. The impact of physical distancing measures against COVID-19 transmission on contacts and mixing patterns in the Netherlands: repeated cross-sectional surveys. medRxiv 2020.05.18.20101501
    5. Kretzschmar M, et al. Time is of the essence: impact of delays on effectiveness of contact tracing for COVID-19. medRxiv 2020.05.09.20096289.

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