Des chercheurs suisses identifient des bactéries bénéfiques pour le sperme

Une étude publiée par des chercheurs du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), en Suisse, montre que le sperme possède une flore bactérienne spécifique importante, alors qu'il était considéré stérile. Certaines bactéries, telles les lactobacilles que l'on trouve dans les yaourts, influencent positivement le sperme.

Depuis 50 ans, la qualité du sperme diminue constamment dans le monde. La médecine parvient aujourd'hui à déterminer les causes de l'infertilité masculine dans environ 50% des cas. Mais pour l'autre moitié, les facteurs demeurent inconnus. «Il est donc très important de comprendre ce phénomène, en cherchant les autres causes», a expliqué à l'agence de presse suisse Keystone-ATS le professeur David Baud, chef de la maternité du CHUV.

La piste qu'ont suivie les chercheurs lausannois est celle des bactéries. Les récents avancements des méthodes de séquençage ont permis de caractériser les populations bactériennes de différents sites du corps et de mieux comprendre leur rôle chez l'humain.

«Nous sommes en symbiose avec certaines d'entre elles, alors que d'autres peuvent induire des maladies graves», poursuit le professeur. «De plus, certaines ne sont pas de simples colocataires. Elles nous protègent des pathogènes comme les mycoses, nous aident à digérer, synthétisent des vitamines et activent le système immunitaire, entre autres».

L'étude menée par l'équipe du docteur Milos Stojanov de la maternité du CHUV s'est penchée sur le sperme avec le but de déterminer si les bactéries jouent un rôle dans l'infertilité masculine. Elle a montré que le liquide séminal possède une flore bactérienne spécifique, alors qu'on pensait que ce fluide était dépourvu de toute bactérie.

Les chercheurs ont identifié des bactéries qui influencent positivement et d'autres négativement les paramètres du sperme, comme par exemple la morphologie ou la motilité.

Dans les bactéries bénéfiques pour le sperme, les scientifiques lausannois ont identifié les lactobacilles par exemple, que l'on retrouve dans les yaourts. Ces mêmes lactobacilles se retrouvent aussi dans la flore vaginale saine.

D'où la question des chercheurs: «serait-il possible d'influencer le microbiome du sperme, et donc sa qualité, avec des probiotiques ou les aliments que nous mangeons? Les études vont être poursuivies dans ce sens», relève David Baud.

Autre constat intéressant: les bactéries identifiées dans le sperme colonisent le vagin. Les lactobacilles ont un rôle protecteur, tandis que les bactéries «négatives» ont été associées avec les infections vaginales chez la femme.

Du coup, un sperme «négatif» pourrait être le vecteur des bactéries "négatives". D'où l'importance de réduire leur impact et favoriser la colonisation par les lactobacilles, avec le but final de freiner le déclin de la fertilité masculine.

L'étude «Sperm Microbiota and Its Impact on Semen Parameters» a été publiée en février dernier dans le journal Frontiers in Microbiology.

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