Etudes de médecine: le nouveau décret « concours d’entrée » n’est pas au goût des étudiants

Le Moniteur de vendredi publie le texte du nouveau décret instaurant un concours d’admission aux études de médecine et de dentisterie. Chez les étudiants, cela fait grincer des dents, même si à côté des aspects négatifs, on reconnaît l’un ou l’autre avantage.  Le décret donne aussi la formule de calcul du nombre de candidats admissibles. 

Le nouveau décret qui vient d’être publié juste avant le week-end est en fait une modification de celui de 2017, pour passer de la notion d’examen à celle de concours. L’épreuve est organisée de manière centralisée. Du côté du Comité Inter-universitaire des étudiants en médecine (CIUM), ce n’est pas l’enthousiasme : « il est important de rappeler qu’actuellement rien ne justifie la mise en place d’un concours d’entrée en médecine » déclare son président Basil Sellam. « Il y a actuellement une pénurie de médecins qui va s’accentuer dans les années à venir, et nous pouvons le prédire à l’aide de chiffres datant de 2016 et donc avant même la mise en place de l’examen d’entrée. Cette décision va donc participer à la dégradation du système de soins de santé et de facto à la dégradation de la santé de la population et l’accroissement des inégalités de classes par la médecine à 2 vitesses. Cette décision est purement politique et en mettant en place ce concours, nos politiques agissent de plein gré contre le peuple belge. »  On peut toutefois rappeler, dit encore Basil Sellam, « que la mise en place de ce concours d’entrée signifie que tous les étudiants de médecine en cours de cursus sont garantis de l’obtention d’un numéro INAMI à la fin de leurs études, ce qui est non-négligeable, mais c’est un maigre réconfort sachant les impacts délétères qu’auront ce concours pour la population. » Rappelons que le quota, pour les étudiants qui sortiront en 2028, passe de 505 à 744 numéros Inami. 

Parmi les compétences prises en compte, figure « la capacité à communiquer en percevant la dimension éthique et en faisant preuve d’empathie, de compassion, d’équité et de respect ». Sur ce point aussi, le CIUM marque son désaccord.  « Tenter d’évaluer de telles compétences à l’aide d’un examen écrit relève du ridicule. Evaluer les compétences en sciences de base ne permet pas non plus de distinguer ceux qui feront les meilleurs médecins. » estime Basil Sellam. 

Le classement des candidats est fait par filière (médecine ou dentisterie). C’est une bonne mesure, nous dit le représentant des étudiants en médecine : « faire un classement par filière est une bonne chose pour augmenter le nombre de lauréats dentistes qui était extrêmement bas avec l’examen d’entrée. »

Un nouvel article du décret réduit temporairement de 30% à 15% le nombre maximal d’étudiants non-résidents pour les années 2023-2024 à 2029-2030. Toutefois, des accords passés avec le Gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg permettent à certains étudiants, dans des conditions bien précises, de commencer ou de poursuivre leurs études chez nous. Ces accords sont assortis pour les étudiants belges de possibilités de stage au Grand-Duché. Quelques dérogations sont prévues, notamment pour les candidats qui sont titulaires d’une attestation de réussite de l’examen d’entrée délivrée en 2021 ou 2022 et pour laquelle « le jury de l’examen d’entrée et d’accès a reconnu la force majeure permettant de valoriser cette attestation de réussite au cours des deux années consécutives ». 

S’il y a plusieurs candidats classés ex -aequo qui ne peuvent pas tous être déclarés admissibles sans dépasser le nombre fixé d’admissibles, le jury tire au sort parmi les ex-aequo celui ou ceux qui seront déclarés admissibles. Le décret donne aussi la formule de calcul du nombre de candidats admissibles. La base de ce calcul est le « quota des diplômés fixés par le Gouvernement fédéral »… 

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Derniers commentaires

  • Francois Planchon

    01 février 2023

    Cette limitation est inacceptable : notre gouvernement est devenu complètement schizophrénique.
    Constater d'une main une pénurie et persister à limiter les étudiants en médecine de l'autre, c'est plus qu'un dédoublement pathologique de personnalité, complété par du sadisme vis à vis de notre jeunesse motivée, des prestataires au bord du burn-out, et des patients ...
    La pénurie de médecins rencontrée en Belgique est tellement évidente !
    En plus, cette pénurie existe malgré l'importation massive de médecins provenant d'autres pays européens, à concurrence de +/- 1/3 des numéros inami donnés chaque année.
    Sans cette importation de médecins européens, les soins ne seraient plus à même d'être assurés dans les hôpitaux !!!!
    Quand le capitaine d'un navire perd la raison, il n'existe pas une procédure de destitution ?

    Un article éloquent de l'Echo, journal "de fond", a d'ailleurs été consacré à ces absurdités :
    https://www.lecho.be/economie-politique/belgique/federal/quatre-numeros-inami-sur-dix-vont-a-des-medecins-etrangers/9839767.html

  • Paul JONCKHEERE

    23 janvier 2023

    Ce sont souvent les medecins qui ont les meilleur scores qui ecoutent le moins les patients.