Obligation vaccinale : « il faut une décision ce vendredi au CODECO » (Dr El  Haddad - Pr Peetrons)

Cette fin de semaine sera rythmée par la volonté des autorités d'imposer ou non l'obligation vaccinale pour le personnel soignant des hôpitaux. Dans les hôpitaux, de nombreux médecins plaident pour qu'au CODECO de ce vendredi, le gouvernement procède à un choix clair comme le confirme le Dr Philippe El  Haddad , Directeur Général Médical du Chirec : "Je crois que maintenant, il faut passer à l’obligation vaccinale. Il faut un signal politique fort qui annonce l’obligation vaccinale. » 

Au sein de l'hôpital, les derniers hésitants deviennent de plus en plus difficiles à convaincre: « On a l’impression que l’on a atteint un plateau et que les membres du personnel, qui voulaient se faire vacciner, l’ont fait. Pour les autres, je ne vois pas très bien comment nous allons pouvoir les sensibiliser. »
Il croit aussi en la force de l'annonce de cette mesure: “Je pense que l’effet d’annonce amènera déjà certains soignants à procéder à la vaccination comme en France. Si, en plus, le gouvernement impose une date limite avant la mise en place de l'obligation, cela peut permettre de donner une accélération chez certains sceptiques. Si l’obligation vaccinale est imposée à partir de début octobre, cela peut aller vite.” 

Le Dr Philippe El Haddad ne comprend pas l'hésitation des responsables politiques: “Je ne vois pas pourquoi ils hésitent. Pour le moment la situation est contrôlée mais elle risque de déraper.”

Pour lui la vaccination obligatoire est un signal plus clair et plus fort que le pass covid: « Imposer ce dernier aux visiteurs dans les hôpitaux n’a aucun sens. Nous n’allons pas contrôler les visiteurs si le personnel soignant n’est pas vacciné. Nous n'allons pas interdire à quelqu’un qui n’est pas vacciné d’entrer dans un hôpital si la personne qui soigne le malade n’est pas vaccinée. C’est de la schizophrénie.”
Aujourd'hui, au Chirec, les médecins sont vaccinés à plus de 85 à 90%. Et dans le reste du personnel? " Les sages-femmes sont beaucoup moins vaccinées que les autres. Dans d'autres secteurs, parfois, c’est aussi culturel...Les gens oublient une chose importante: le but de ce vaccin est de ne pas avoir des cas graves aux soins intensifs. Même si on est porteur, on est moins malade. Aujourd'hui, je rappelle que la quasi-totalité des malades qui sont aux soins intensifs ne sont pas vaccinés.”

Une erreur stratégique

Aux Hôpitaux Iris Sud, le Pr Philippe Peetrons, médecin-chef  plaide aussi pour une prise de décision à propos de l'obligation vaccinale dès vendredi par le Codeco : « Ce serait une erreur stratégique de ne pas prendre cette décision au Codeco de ce vendredi. On va encore laisser plus de temps et de place aux antivax. Cela aurait sans doute été plus facile de décider tout de suite de la rendre obligatoire. Évidemment, les autorités ne pouvaient pas le faire avec un nouveau vaccin, je peux le comprendre. C'est le moment même si beaucoup de problèmes légaux ne sont pas encore réglés. Le gouvernement prépare des textes notamment pour que les gens soient obligés de dire à la médecine du travail ou au médecin-chef s’ils sont vaccinés ou non.  »

A son niveau, il agit aussi: « Nous allons envoyer des courriers aux membres du personnel pour qu’ils nous confirment, s'ils ont été vaccinés en dehors de notre hôpital. Plusieurs hôpitaux ont déjà envoyé cette lettre. La réponse reste libre évidemment, mais cela nous donnera une idée plus précise de la situation. »

Il s'inquiète au sein des hôpitaux de la problématique des kinés: "Les kinés sont indépendants pour la plupart et ils travaillent un peu partout. Je suis étonné du nombre de kinés non-vaccinés. Ils ont pour beaucoup l’âge des contestataires. On va essayer de les toucher aussi parce qu’ils sont au contact des patients et qu’ils parlent beaucoup avec eux. Pour les infirmières, on peut craindre quelques départs en cas d’imposition de l’obligation. Nous verrons ce qui va se passer. Cela sera sans doute une minorité. »

Il reste évidemment la question des sanctions: « Le gouvernement est en train de regarder ce qui se passe en France aujourd’hui. Nous sommes plus modérés que la France dans nos décisions." 
Pour lui non plus, le Covid Save Ticket n’est pas une solution. "Parce qu’on devra demander tous les jours à chaque membre du personnel un Covid Save Ticket ...sans oublier toutes les personnes qui rendent visite. Ce n’est pas réaliste dans la gestion quotidienne d’un hôpital. »

Lire aussi: Il faut concrétiser l'obligation de vaccin pour les prestataires de soins (CPAS bruxellois)

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