Payer pour réduire le nombre de patients aux urgences: pas toujours efficace…

Toutes les idées sont bonnes pour diminuer l’afflux des patients aux urgences. En effet, les temps d’attente sont souvent (trop) long de l’avis des patients et les motifs de consultation aux urgences sont (trop) souvent inconsistants. Cela engendre des délais importants, une surcharge de travail et, finalement, une frustration de part et d’autre. Par ailleurs, il y a aussi une question de rentabilité… Des chercheurs se sont demandé si un incitatif financier pouvait s’avérer utile.

Cette expérience s’est déroulée dans ce que les Canadiens appellent le Grand Vancouver qui accueille une population de plus de 2,4 millions d’habitants. Il s’agit de l’un des districts de Colombie britannique les plus peuplés. L'étude a porté sur plus de 800.000 visites de patients dans les quatre principaux services d'urgence du district de 2013 à 2016. Elle s'est concentrée sur les patients présentant des niveaux de pathologies aigües les plus élevés. Pendant la première année, ont coexisté deux types d’incitations financières pour réduire le nombre de patients en salle d’urgences. C’est ce que les chercheurs ont appelé le «pay-for-performance» ou P4P. Ce système a été financé par la province de Colombie britannique. Une compensation de 100 $ pour chaque patient pouvant sortir des urgences et dont la durée de séjour était inférieure à quatre heures a été attribuée aux services d’urgence. Le deuxième programme mis en œuvre prévoyait de donner aussi une indemnité de 600 $ pour les patients restés moins de 10 heures aux urgences.

Un an après son initiation, le gouvernement provincial a mis fin au programme. Celui-ci a été repris en partie par les autorités régionales, mais en ne conservant que le programme d’indemnités des 600 $. L’analyse des chercheurs a donc porté sur les deux programmes distincts et ils ont affiné leur recherche sur le délai de sortie des patients et plus particulièrement ceux sortis 20 minutes avant le terme des 4 ou 10 heures.

L’étude montre que bon nombre de patients sont sortis juste avant l’échéance de quatre heures permettant à l’hôpital de toucher la rémunération. Passé ce délai, la probabilité qu'un patient puisse sortir diminuait. Ce phénomène n'a été observé que dans deux des quatre services d'urgence; les deux autres ne présentaient pas la même discontinuité. Néanmoins un phénomène a un peu plus inquiété les chercheurs: les patients libérés dans un délai de 4h présentaient un taux de réadmission dans les 7 jours beaucoup plus important que si leur séjour aux urgences était prolongé. Par ailleurs, si on tient compte du délai de 10h, le phénomène est généralisé aux 4 hôpitaux.

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