Prix Generet : un million d’euros pour mieux comprendre les pathologies thyroïdiennes rares

En obtenant le Prix Generet 2023 pour les maladies rares, géré par la Fondation Roi Baudouin, Sabine Costagliola reçoit un million d’euros pour poursuivre ses travaux sur les pathologies thyroïdiennes rares. Ces recherches vont permettre d’améliorer le diagnostic et la qualité de vie des patients souffrant de ces pathologies. 

Depuis de nombreuses années, le Pr Sabine Costagliola étudie les mécanismes sous-jacents au développement de la thyroïde et aux pathologies thyroïdiennes au sein de l’Institut de Recherche Interdisciplinaire en Biologie Humaine et Moléculaire (IRIBHM) de l’Université Libre de Bruxelles.

 «Il y a plusieurs façons d’étudier la thyroïde. De façon assez classique, on peut travailler avec des cellules thyroïdiennes dérivées de patient que l’on place en culture dans une boîte de Petri pour tester des drogues et des hypothèses. Une autre façon est de faire des recherches sur la souris puisqu’elle possède une thyroïde similaire à celle de l’homme. Depuis une dizaine d’années, nous pouvons à partir de cellules souches - des cellules qui sont pluripotentes (capables de se différencier en cellules spécialisées, NDLA) - créer de nouvelles cellules. Grâce à un protocole très calibré, nous arrivons à forcer des cellules souches à devenir des cellules thyroïdiennes tout à fait fonctionnelles à la fois in vitro (dans une boîte de Petri) et in vivo. Nous sommes les seuls à pouvoir réaliser cela. Nous avons greffé ces cellules à des animaux qui n’avaient plus de thyroïde et nous avons montré qu’elles étaient capables de sauver ces animaux en rétablissant une fonction thyroïdienne normale. Grâce à ce modèle, nous pourrions, à l’avenir, le faire pour des patients qui n’ont pas ou plus de thyroïde.»

L’hypothyroïdie congénitale

Avant d’arriver à ces résultats thérapeutiques, les travaux de recherche du Professeur Sabine Costagliola vont permettre de suivre jour par jour la manière dont une cellule souche pluripotente devient une cellule thyroïdienne.

« Notre modèle permet également de modéliser des pathologies pour mieux les comprendre et éventuellement trouver des alternatives thérapeutiques pour les patients qui sont atteints de ces pathologies. Celles-ci sont nombreuses. Certaines sont très fréquentes dans la population. Par contre, certaines sont rares et sont liées à des anomalies du développement ou du fonctionnement thyroïdien. L’hypothyroïdie congénitale, qui affecte 1 enfant sur 3.000, fait partie de ces maladies rares. Dans les pays développés, un test de dépistage est réalisé à la naissance pour pouvoir détecter cette pathologie et prendre rapidement en charge les enfants présentant un problème thyroïdien. Ce traitement hormonal permet d’éviter un retard mental et un retard de croissance chez ces enfants.»

Le Prix Generet 2023 pour les Maladies Rares va permettre au Professeur Costagliola de poursuivre ses recherches sur l’hypothyroïdie congénitale en utilisant des organoïdes humains, des mini-thyroïdes cultivées in vitro, créées à partir de cellules souches pluripotentes humaines, dérivées de patients. “Ces organoïdes ont démontré leur capacité à reproduire les stades de développement de la glande thyroïde in vitro, et après transplantation chez des souris sans thyroïde, ils ont produit des hormones thyroïdiennes in vivo. Nous allons donc pouvoir utiliser ce modèle pour étudier des situations pathologiques et tester différentes hypothèses, en utilisant directement des cellules de patients qui ont des problèmes thyroïdiens", explique la lauréate du Prix Generet.

Ces organoïdes vont également être utilisés pour mieux comprendre une deuxième pathologie rare, le syndrome de résistance à la TSH, caractérisé par une insensibilité de la thyroïde à l’hormone TSH.

Un financement bienvenu 

Grâce au million d’euros reçu dans le cadre du Prix Generet 2023, Sabine Costagliola va pouvoir engager une technicienne de laboratoire, un chercheur postdoctoral pour développer les modèles et analyser les génomes et transcriptomes et couvrir les frais de fonctionnement (achat des réactifs et du matériel). “Le Prix Generet me donne la liberté d’explorer toutes les hypothèses, ouvrant ainsi la voie à de nouveaux outils diagnostics et, à plus long terme, à de nouvelles solutions thérapeutiques", commente la lauréate de ce prix organisé en collaboration avec le FNRS et le FWO. 

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