Contrôle des compétences, portfolio, accréditation… Que nous réserve 2020?

En matière de qualité des pratiques, promotion et contrôle sont-ils indissociables? En tout cas, l’heure est au dépoussiérage dans chacune de ces deux sphères imbriquées. Medi-Sphere a recueilli des éclaircissements de Pedro Facon, directeur général soins de santé au SPF Santé publique, sur les scénarios qui s’annoncent en matière de surveillance des compétences et de l’expertise des professionnels. Mickaël Daubie, actuellement à la tête du service soins de santé de l’Inami, aborde la (lente) refonte de l’accréditation.

«La réforme de l’accréditation a un côté monstre du Loch Ness», concède Mickaël Daubie. Le patron de la section RDQ (recherche, développement et promotion de la qualité) de l’Inami assure a.i. la fonction de DG des soins de santé. En 2019, les choses n’ont pas beaucoup avancé en pratique, même si la théorie a été débattue dans divers groupes de travail, admet-il.

C’est que, pour rester dans les comparaisons aquatiques, «l’accréditation est un fameux paquebot, lancé depuis 20 ans, brassant plus ou moins 300 millions par an, en budgets pour l’Etat, en revenus pour les médecins… Il est lourd à manœuvrer». On s’achemine toutefois vers un système rénové, certifie notre interlocuteur.

Quels sont les grands axes de la mutation qui attend les 28.734 médecins à ce jour accrédités? (sur un total de 55.682 en droit de prester).

«Deux mouvements coexistent. Il y a une réforme profonde, à long terme, dont les grandes lignes ont été avalisées en médico-mut il y a un an déjà.» Pour faire bref, une partie de l’accréditation tiendrait toujours à la formation continue, une autre pourrait dépendre de critères de qualité, d’objectifs de santé publique à atteindre. «Vient s’y greffer une réflexion à plus court terme: résoudre la disparité de revenus entre disciplines. L’un des syndicats médicaux [le Cartel, ndlr] aspire à un rééquilibrage des montants attribués aux médecins accrédités. L’investissement à consentir en termes de formation continue est le même pour tous, mais certains en tirent des revenus plus importants (1). De mémoire, je dirais que les différences oscillent entre 6 et 18.000 euros par groupe de spécialités. Au niveau des individus, les écarts sont encore plus marqués

Pour en revenir à la refonte à long terme, Mickaël Daubie distingue trois grandes composantes.

«Premier élément: les formateurs. A ce jour, quasi tout le monde peut s’autoproclamer dispensateur de formations médicales. Le service souhaite travailler sur cet aspect, réguler quelque peu le secteur en étant guidé par une optique de qualité. Mais à ce stade, les modalités de cette ‘remise en ordre’ ne sont pas acquises

«Deuxième pilier: il est question de baser l’accréditation – du moins en partie – sur les résultats, mesurés par des indicateurs. En d’autres termes, d’accoler une partie de ce que perçoivent les médecins à des progressions qualitatives.» Mais appréciées comment? «Nous disposons déjà, e.a. grâce à nos feedbacks individuels réguliers, de tout un set d’indicateurs – par exemple sur les comportements de prescription de médicaments ou d’imagerie. Mais ici aussi, il faudra discuter et sélectionner, avec le corps médical, des indicateurs robustes, peu sujets à controverse

Enfin, troisième axe de travail, les formations en elles-mêmes, qu’elles soient présentielles ou à distance (car la formule de l’e-learning semble avoir définitivement gagné ses lettres de noblesse avenue de Tervuren). Leurs sujets sont jusqu’ici librement déterminés, fait observer le directeur général. «Il y aurait à l’avenir des thèmes prioritaires à suivre, reflétant des besoins identifiés en santé publique

Pour chacune de ces dimensions, «le service a des munitions, des propositions à mettre sur la table. Reste à voir comment les médecins les accueilleront. L’Inami espère arriver à la fixation d’un calendrier et de grandes étapes pour la réforme», termine Mickaël Daubie.

1. Le supplément que peut demander un médecin accrédité étant une portion de l’honoraire, il en découle des rentrées plus élevées pour les spécialités dont les tarifs ont été mieux revalorisés au fil des ans.

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