«On doit rendre l’hôpital attractif pour éviter que les spécialistes le quittent» (MoDes)

Dans cette période de réforme en profondeur au sein des hôpitaux et de l’activité des spécialistes, le Monde des spécialistes (MoDes, syndicat membre du Cartel), par l’entremise du Dr Jonathan Brauner , coprésident du MoDeS fait le point sur les nombreux dossiers et notamment sur celui des revenus des spécialistes.

« Actuellement, il y a une très grande disparité au niveau des revenus. La réforme de la nomenclature doit permettre d’avoir une vision plus claire sur la rémunération des médecins spécialistes. Pour nous, la valeur du travail du médecin doit être discutée. La définition d’un honoraire à l’heure arrivera tôt ou tard sur la table des négociations et fera l’objet de nombreux palabres  en tenant compte de la complexité et de la pénibilité des actes (ou des horaires), tant pour les spécialistes que les généralistes. Un lissage doit être envisagé tenant compte de ces paramètres. On sent que le ministre a cette volonté de travailler sur cette thématique. Nous n’avions pas ce sentiment avec l’ancienne ministre de la santé. » 
Une des priorités de la réforme de financement, selon lui, doit rester de ”rendre l'hôpital attractif notamment en termes de rémunération pour éviter que les spécialistes le quittent. Il est important de définir les soins loco régionaux et supra régionaux dans le cadre des réseaux hospitaliers. Le ministre y travaille. ” Enfin, au niveau des gardes, dans le cadre de la loi qualité, les spécialistes extra- hospitaliers pourraient, en cas de pénurie, être obligé de revenir dans les hôpitaux.  Les spécialistes en ont conscience. Cela fait partie de notre mission dans le cadre de la continuité des soins. 
La téléconcertation au coeur du dispositif
Pour le co-président du MoDeS, le débat financier est clair : « Il faut se poser la question de notre apport en tant qu’acteur de santé dans notre société. Il faut voir à moyen terme comment les choses évolueront avec la réforme du financement des hôpitaux et l’intégration dans les bassins de soins avec les généralistes. La rémunération attenante est importante pour faciliter les collaborations. Il faut de la souplesse. L’objectif n’est pas que tous les médecins soient des salariés de l’état »
Le lien entre tous les acteurs sera primordial : « Les actes multidisciplinaires sont importants. À titre d’exemple, la consultation multidisciplinaire oncologique fonctionne très bien mais n’intègre que peu les généralistes. La télé expertise est un nouvel outil important. Non seulement, il faut former les médecins à la collaboration, mais il faut aussi mettre en place des mesures structurelles pour rémunérer les activités de téléconsultation, de téléconcertation...Cela permettra de leur donner du sens et qu’elles soient plus effectives. » La réflexion doit être menée en profondeur : « Il faut prévoir des montants différents suivant les actes ou le fait que le patient soit à domicile ou non...Il convient de développer le volet concertatif de la téléconsultation entre médecins et autres soignants pour accompagner les patients. Par ailleurs, la consultation longue n’est pas toujours valorisée à sa juste valeur. Il faut agir à ce niveau aussi»
Une collaboration entre les acteurs 
Pour le Dr Jonathan Brauner, « il faut définir un modèle générique de prise en charge multidisciplinaire des patients à l’instar de ce qui se fait pour les projets pilote des maladies chroniques. Avec les réseaux hospitaliers, une meilleure collaboration effective sera nécessaire avec les généralistes pour avoir des soins intégrés. L’hôpital n’est qu’une partie de l’itinéraire. » Les pénuries de personnel pourraient toutefois être un frein : « On ne peut pas mettre en place une médecine ambulatoire efficace si on manque d’infirmière ou de médecins. » 
Dans cette réforme, tout le monde doit évidemment tirer dans le même sens : « Les projets-pilotes avec les pharmaciens notamment à propos de la vaccination manque de concertation tant avec les généralistes qu’avec les spécialistes. Il ne faut pas oublier l’organisation des soins au niveau global. Pour l’instant, cette vision manque. C’est une demande des spécialistes et des généralistes.»

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Derniers commentaires

  • Bruno LULLING

    09 juin 2022

    OU EST L'ABSYM ?

  • Bruno LULLING

    09 juin 2022

    Enfin!? Imagine-t-on un seul instant obliger les infirmiers indépendants à prester dans les hôpitaux en pénurie de personnel !? Sommes-nous des surhommes sans déjà une lourde charge de travail hebdomadaire ( dont plusieurs de mes confrères ont fait un douloureux burn-out ) ? des demi-dieux?? Dans ce cas j'attends les offrandes !

  • Bruno LULLING

    09 juin 2022

    Il va sans dire que si l'on oblige les spécialistes extra-hospitaliers à participer aux gardes hospitalières, c'est à un digne honoraire à l'heure d'astreinte dont parle mon cher confrère ci-dessus !? Et à un non moins digne honoraire en cas de déplacement effectif, qui ne peut en aucun cas être inférieur aux tarifs horaires INAMI diurnes déjà d'application !