Plan Medical commun entre les CHU Brugmann et Saint-Pierre : 11 points pour travailler ensemble

L’après-covid ne s’est pas résumé au testing, aux soins de revalidation et à la reprise d’une activité normale pour certains. En effet, dans les couloirs des hôpitaux du CHU Saint-Pierre et du CHU Brugmann, les Dr Jacques Jani et Vincent Ninane, présidents du Conseil médical des deux hôpitaux ont voulu faire avancer avec près de quarante collègues, responsables de services, un Plan Médical commun.

Les Dr Jacques Jani et Vincent Ninane, présidents du Conseil médical des deux hôpitaux veulent « que l’on écoute les médecins et leurs projets concrets. » Ils envoient un signal clair au monde politique

L’après-covid ne s’est pas résumé au testing, aux soins de revalidation et à la reprise d’une activité normale pour certains. En effet, dans les couloirs des hôpitaux du CHU Saint-Pierre et du CHU Brugmann, les Dr Jacques Jani et Vincent Ninane, présidents du Conseil médical des deux hôpitaux ont voulu faire avancer avec près de quarante collègues, responsables de services, un Plan Médical commun.

Etre pédagogue avec le monde politique

Pendant l’été, pour les deux hôpitaux publics du réseau Iris à Bruxelles, les deux hommes et leurs équipes ont tenu à répertorier 11 principes de base qui lient leur hôpital. « On a tout d’abord relevé ce qui existait déjà. On s’est mouillé aussi pour dire ce que l’on pourrait faire. Ce n’est que la première version. Une seconde suivra dans deux ou trois mois » explique le Dr Jacques Jani qui ajoute : « Saint-Pierre et Brugmann sont des hôpitaux qui se ressemblent beaucoup mais qui n’ont pas toujours pu travailler ensemble parce que certains acteurs politiques à l’époque ont tout fait pour compliquer la tâche des directeurs des institutions. »

Le Dr Vincent Ninane le rappelle d’aileurs : « On a rencontré les deux directeurs généraux cette semaine et on peut continuer d’avancer. Il est maintenant important que l’on voit Philippe Close. On n’essaie pas de passer en force. On veut être pédagogue dans ce projet.» Il le précise : « Avec notre projet, ce sont les médecins qui sont demandeurs. C’est très intéressant de voir qu’à partir de la base, il y a des pistes concrètes. Cela aurait dû être fait depuis longtemps. Tant Iris que le GHUB, le Grand hôpital universitaire de Bruxelles, auraient du créer un hôpital de la ville. »

Un plan médical précis

Pour eux, ce Plan Médical CHU Brugmann – CHU Saint-Pierre répond aux défis en s’intégrant dans la vision plus large du grand réseau locorégional de l’ULB et de la Ville de Bruxelles. La crise Covid a démontré l’importance de la collaboration renforcée entre institutions et entre acteurs hospitaliers et extra-hospitaliers. Les deux institutions sont demandeuses de renforcer et de développer les collaborations et les projets avec l’Institut Jules Bordet, l’Hôpital des Enfants, les hôpitaux Iris Sud, les Cliniques Universitaires de Bruxelles, l' hôpital Erasme, l’UZ Brussel et les hôpitaux du CHIREC.

« L’ensemble de nos projets communs atteint, aujourd’hui, une taille et une portée critiques, concernant plus de quinze services médicaux d’envergure. On a un projet participatif du médical et du paramédical ! J’ai envoyé un message à Philippe Close et j’attends son retour. » ajoute le Dr Jani. « Un hôpital ne peut pas avancer si les médecins sont contre les gestionnaires.  »

Pas enterrer le GHUB

Le Dr Vincent Ninane confirme, pour sa part, que le propos n’est pas d’enterrer le projet de GHUB. « Il faut être clair que ce dernier ne se fera pas dans les 6 mois et nous ne sommes pas favorables à une concentration parce que cela amènerait à vider les CHU Brugman et Saint Pierre qui ont une vraie mission sociale. »

Pour lui, les 11 commandements définissent la manière dont « on veut travailler ensemble. On bouge les compétences médicales et pas les malades.» Ils entendent d’ailleurs garantir la compatibilité du Plan médical avec le GHUB, HIS et le CHIREC tout en maintenant les partenariats avec l’ULB et la VUB

 Les 11 Commandements :

  1. Partir du terrain et des chefs de service Seuls les chefs de service ou les chefs de clinique ont la capacité de développer des projets de collaboration médicale. Nous leur avons naturellement confié cette responsabilité en nous appuyant sur leurs compétences et sur leurs motivations. Les délais extrêmement rapides d’élaboration des projets interservices ont démontré le bien-fondé de cette approche.
  2. Développer une vision médicale cohérente comme pierre angulaire Nous concevons la collaboration entre services comme devant s’appuyer avant toute chose sur une vision médicale commune. Les considérations économiques sont importantes mais ne peuvent se substituer ni précéder le projet médical. Nous avons toute confiance en nos Directions respectives pour trouver les accords financiers qui encadreront ce Plan Médical. Nous considérons toutefois qu’une bonne vision médicale doit déboucher sur un résultat économique positif.
  3. Préserver les rôles et responsabilités de chacun Les chefs de services ont tous un rôle fondamental à jouer dans nos institutions respectives. Ils jouissent également d’une grande légitimité. Nous devons mettre toutes leurs compétences au service du Plan Médical. Nous pensons que « forcer » la collaboration ou précipiter des regroupements sous un seul responsable sans volonté explicite des parties serait totalement contre-productif.
  4. Assurer un partenariat win-win pour nos institutions Notre philosophie est de capitaliser sur nos forces et nos expertises respectives pour en faire bénéficier le service ou l’hôpital partenaire, dans un objectif de développement mutuel d’activité et de compétences. Cette philosophie s’oppose à toute concentration d’activité qui serait un appauvrissement de l’ensemble.
  5. Développer au maximum l’activité et le recrutement de patients sur chaque site Nous évoluons dans un environnement hautement concurrentiel. Cette concurrence se renforce avec la création en Région bruxelloise des réseaux locorégionaux. Dans ce contexte, notre maillage territorial et nos différents sites sont une force incontestable. Notre Plan Médical vise à développer au maximum chaque site hospitalier (Horta, Brien, Porte de Hal, César de Paepe…) afin d’augmenter la part de marché de chaque site, non pas au détriment des autres sites, mais au détriment des réseaux concurrents.
  6. Encourager la mobilité de l’expertise médicale pour traiter les patients là où ils se trouvent Il découle de ce qui précède que le développement de chaque site ne peut se concevoir que grâce à l’investissement des cadres médicaux sur ces sites, ce qui implique la mobilité à bon escient de l’expertise médicale pour aller recruter et prendre en charge le patient où il vit.
  7. Conserver les statuts de tous les médecins et viser à l’alignement dès que possible La collaboration médicale ne pourra prendre son essor que si les mêmes conditions salariales et financières, attractives, sont proposées aux médecins des mêmes équipes. Nous sollicitons nos Directions afin qu’elles travaillent rapidement dans ce sens, tout en reconnaissant un « historique » important qui prendra du temps à faire évoluer. L’urgence concerne évidemment les nouveaux engagés qui constituent la semence du futur de nos hôpitaux.
  8. Réfléchir en commun aux engagements médicaux et aux investissements en matériel Outre les collaborations concrètes détaillées dans ce Plan Médical commun, nous proposons, dès aujourd’hui, d’envisager entre chefs de services homologues tout nouveau recrutement et toute nouvelle demande d’investissement ensemble, à la lumière d’une stratégie commune. Ainsi, nous ferons converger stratégie médicale et efficience économique.
  9. Garantir la compatibilité du Plan médical avec le GHUB, HIS et le CHIREC et maintenir tous nos partenariats avec l’ULB et la VUB Nos collaborations sont ouvertes à tous nos partenaires historiques et ont vocation à se construire en harmonie avec eux. Les chefs de services sont prêts à répondre favorablement à toute sollicitation ou proposition de projet commun de leurs homologues du GHUB, de l’UZ Brussel, de HIS et du CHIREC. Ils leur formuleront également, le cas échéant, des propositions de manière proactive. Par ailleurs, nous avons vocations à poursuivre et développer tous les partenariats existants avec nos hôpitaux partenaires du réseau et l’hôpital militaire, ainsi que tous les projets de collaboration chapeautés par l’ULB et la VUB.
  10. Développer l’enseignement et la recherche Nos deux institutions ont une longue tradition d’enseignement et de recherche. Nous proposons d’unir les forces des deux hôpitaux pour améliorer la qualité de l’enseignement. A l’heure où la qualité de notre Université est jugée par des scores variés (Shangaï et autres), nous proposons de réunir nos activités de recherche clinique et de publication afin de les optimiser, et de promouvoir le temps de recherche alloué aux jeunes médecins.
  11. Tirer les enseignements de la crise Covid-19 : ouvrir nos hôpitaux vers l’extérieur et la première ligne Nos institutions, dans un effort coordonné, doivent améliorer leur collaboration avec les médecins généralistes, les maisons médicales, les maisons de soins et de repos et les paramédicaux dans un vrai partenariat au bénéfice du patient.

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