Vandenbroucke veut un cadre conceptuel pour les consultations vidéo d’ici fin mars

Les consultations à distance ne disparaitront plus du quotidien des MG belges. Contacts physiques et numériques deviendront complémentaires.  Frank Vandenbroucke pousse en tout cas à la conception un modèle optimal de financement et d'organisation des appels vidéo dans les cabinets. Plaidoyer relayé en médico-mut lundi soir. L’Absym réclame une rétribution correcte des MG… si on veut les garder.

Le covid a, on le sait, boosté la médecine à distance. En 2020, près de 10 millions de téléconsultations, principalement par téléphone, ont été réalisées en 10 mois, représentant 15% du total de consultations et de visites. Les coups de sonde donnés auprès des patients et des prestataires révèlent un degré élevé de satisfaction face à la méthode. Le KCE a par ailleurs établi la pertinence des vidéoconsultations pour le suivi des maladies chroniques. Bref, pas judicieux d’imaginer rétropédaler et les rayer du paysage.

Parmi leurs avantages, les autorités notent de plus grandes flexibilité et efficacité dans la planification, notamment là où il y a peu de généralistes. Aux risques connus - comme la croix à faire sur l’examen clinique et l’aspect déshumanisant -, le cabinet Vandenbroucke ajoute celui d’une potentielle hausse des dépenses, par la facilité d’accès. La formule prête le flanc à la fraude, dit-il. Selon lui, le SECM (le service d’évaluation et de contrôle médical de l’Inami) a décelé des valeurs aberrantes dans des volumes d’activités, comme un médecin ayant au compteur pas moins de 15.000 consultations de télémédecine sur 2020.

Le ministre de la Santé cite par ailleurs un article du NEJM qui prédit un labyrinthe extrêmement complexe et frustrant de règles et de conditions si les téléconsultations sont déployées dans un système à l’acte et prône, pour plus de nuances et d’équité dans la rétribution des médecins, un système à la capitation.

Dans une note exposée à la médico-mut lundi soir, Frank Vandenbroucke suggère une double piste : que le groupe de travail télémédecine dirigé par le Dr Bart Demyttenaere travaille (et vite puisque le ministre parle de fin octobre) sur une proposition qui ajuste les dispositions de l’AR du 13 mai 2020 sur les prestations à distance (pris dans l’urgence de la crise) et qu’un nouveau groupe de réflexion planche parallèlement sur une note conceptuelle, d’ici fin mars 2022, proposant un modèle de financement et d'organisation optimal des appels vidéo dans les cabinets MG, à implémenter à partir de 2023.

Côté francophone, le Dr Jean-Luc Belche, généraliste et enseignant à l’ULiège, a accepté de co-présider ce think tank, indique le cabinet. Y seraient aussi présents l’Inami (la direction médicale et le SECM), le KCE, des organisations scientifiques, des OA et trois généralistes, un par syndicat.

Les questions à examiner ne manqueront pas, depuis l’interrogation fondamentale : « quelle place conférer aux consultations vidéo en médecine générale dans une optique de qualité et d’accessibilité des soins ? » en passant par « quels effets contre-productifs peut-on attendre ? », « faut-il des modèles différents selon la localisation urbaine/rurale du cabinet ? »  ou encore « quel budget prévoir pour les consultations vidéo, avec quel impact sur le budget des consultations ‘live’ ? » Sans oublier les questionnements relatifs à la technique employée et aux aspects de sécurité (il faudrait garantir l’accès aux MG et patients à une plateforme sûre et stable pour les appels vidéo, réfléchir aux préalables à remplir (horodatage, consentement éclairé, notification dans le dossier médical...) et veiller à la souplesse du système, qu’il puisse interagir avec d'autres applications (télésurveillance, télédiagnostic, télé-expertise, IA…)

« Le ministre veut que tout soit bien pensé, qu’il n’y ait pas de dérapages, que l’évolution soit neutre budgétairement », commente Luc Herry, le président de l’ABSyM. « Nous, nous insistons sur le fait que la pratique à distance doit être correctement rémunérée, et l’idée d’un modèle à la capitation - donc avec du forfaitaire - nous semble difficile à mettre en œuvre. Les tarifs qui circulent en coulisses nous laissent perplexes : 22 euros la vidéoconsultation, 12 euros la téléconsultation par téléphone… Au Luxembourg, la vidéoconsultation est à 54 euros, soit deux euros de plus que la consultation physique ! La Belgique est le parent pauvre de l'Europe pour le financement, et une championne de l'imposition. Le politique a des ambitions, mais les budgets sont maigrichons. Veut-on favoriser le départ de nos jeunes médecins à l’étranger ? »  

La suite logique de toute cette réflexion, menée dans le champ de la médecine générale  ? Examiner dans quelle mesure un modèle similaire est concevable et souhaitable pour les spécialistes.

Lire aussi: 

>  9,2 millions de consultations à distance par les généralistes en 2020 (Inami)

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Derniers commentaires

  • natacha mathy

    28 octobre 2021

    Encadrer et ne pas oublier de former et d'outiller de manière professionnel