Un généraliste demande à Kroll un peu de respect

Après avoir demandé il y a quelques mois  à Philippe Geluck une affiche didactique où le chat rappelle les gestes barrières, le Docteur Gaël Thiry s’adresse cette fois à Pierre Kroll pour un dessin à afficher dans la salle d’attente et qui demande un peu de respect pour une première ligne débordée. Et pour ce Président du cercle des MG de Lasne, La Hulpe et Rixensart, la situation va encore se compliquer.

Depuis le début de la pandémie, les généralistes sont en première ligne sans nécessairement avoir fait l’objet d’une attention particulière des autorités. Ils se sont faits entendre à plusieurs reprises de différentes manières. 

Parmi celles-ci, le Docteur Gaël Thiry, Président du cercle des MG de Lasne, La Hulpe et Rixensart, l’a fait avec humour et conviction. Après avoir pensé à demander à Philippe Geluck de réaliser une affiche didactique pour rappeler les bonnes consignes pour le port du masque et les gestes barrières en août dernier, le Dr Thiry a été frapper à la porte de Pierre Kroll pour qu’il fasse aussi un dessin de sensibilisation et de soutien envers le personnel médical. «Le père du Chat nous avait offert le dessin et avait autorisé sa reproduction pour l'afficher dans les cabinets des généralistes.» explique le Dr Thiry avec cette initiative soutenue alors par le Collège de médecine générale. «Cette fois-ci, j’ai contacté Pierre Kroll que je ne connaissais pas. Il a été adorable et il a dit oui tout de suite. Le dessin est très bien et aussi libre de reproduction pour les salles d’attente. Je ne comprends pas comment le monde politique ne pense pas plus à communiquer de cette manière pour augmenter la sensibilisation de la population.»

Il reconnaît que la situation est plus difficile sur le terrain actuellement: «Cela ne me dérange pas que nous ne soyons plus des demi-dieux aux yeux de la population comme en mars 2020, mais le système belge rend la vie compliquée pour la médecine générale. Ce dessin est un appel au secours pour que les gens se rendent compte qu’il n’y a pas qu’eux.»
Aujourd’hui, les généralistes sont débordés: «Les médecins sont toujours prêts à faire le maximum, mais nous avons des centaines d’appels en plus pour ceux qui ne veulent pas du vaccin Astrazeneca, ceux qui ne comprennent pas pourquoi «ils sont ou non» dans des listes de comorbidités...»

Les tests de vacances
Pour lui, la situation va encore être plus compliquée dans les prochaines semaines: «Il y a toutes les personnes qui maintenant veulent faire un test pour partir en vacances ou rejoindre leur seconde résidence... Nous n’allons pas pouvoir répondre à toutes les demandes. Je ne vois pas notre plus-value. Le mois de juin et de juillet me font très peur. Il faudrait trouver une solution avec un pré PLF (formulaire de localisation du passager) avec un code. Il n’est pas normal non plus que les deux tests soient payés par la collectivité. Une famille avec deux enfants qui part une semaine en France, cela fera 350 euros pour la collectivité. Cela me choque. Chacun doit être capable de payer ses tests si c’est pour partir en vacances.»

La fatigue s’accumule
Il le reconnaît au fil des mois, l’énergie des généralistes s’amenuise: «Le premier confinement a été rude et nous étions en danger avec le manque de protection. Le second confinement, en octobre-novembre et surtout, pour la période de février-mars, nous amène des patients très tendus. Nous voulons que les patients prennent conscience du travail des généralistes. Nous ne sommes pas increvables ou infatigables.»

Soutenir la famille des soignants
Il entend aussi attirer l’attention sur un autre aspect de la vie des généralistes: «Je trouve très triste que l’on oublie souvent la famille des soignants dans ce combat. Tant le conjoint que les enfants souffrent de notre investissement actuel.»
Certains médecins sont à bout: «Des médecins envisagent de changer de métier tellement ils n’en peuvent plus. La pression et la charge de travail sont très importantes au quotidien. La situation est même pire du côté des infirmières.»

Des traces durables
Quand on lui demande si cette pandémie va «laisser des traces dans la médecine générale?» Sa réponse est sans ambiguïté: «Je pense que oui. Je le vois chez de nombreux médecins qui sont fragilisés et épuisés. Nous avons des journées de 13-14 h. Il est temps que le monde politique anticipe un peu plus ce type de situation. Évidemment, les autorités nous ont soutenus avec les 20 euros par DMG, c’était très bien, mais il faut aussi tenir compte de la charge de travail et la fatigue.» Et de conclure... «Quand on pense que le numerus clausus est encore là.» Encore un combat à mener....

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Derniers commentaires

  • Jean-Claude HARIGA

    13 mai 2021

    Réaction aux commentaires sur les demandes de tests PCR pour partir à l'étranger.

    Je rédige bien volontiers cette demande si le cas se présente car , aussi bien dans les demandes électroniques que sur le documents papiers, il est bien clairement indiqué la raison de la demande et sa condition HORS remboursement. Cela me laisse une trace de la date de la demande, du résultat (qui n'est pas toujours négatif). Cela permet aussi de communiquer plus rapidement que le labo ne le fait la fiche PDF qui est maintenant exigée pour partir en France ...Cela me permet également de rappeler les consignes et de veiller à la quarantaine (que je dois de toutes façons rédiger) en cas de positivité.
    Donc personnellement je n'y vois pas de problème.
    De même je ne vois pas l'utilité d'appliquer une affiche demandant le respect dans ma salle d'attente ou à ma fenêtre, je ne l'ai jamais ressenti ni, à ma connaissance, les généralistes que je côtoie.
    J'aime beaucoup Kroll (dont le frère a par ailleurs œuvré comme architecte à la création du campus de Woluwé Saint-Lambert) mais pour moi ce qu'il a dessiné évoque plutôt la surcharge et la difficulté à rencontrer les angoisses bien compréhensibles d'un public désorienté.... et quand j'entends des personnes rapporter que leur médecin ne les reçoit pas si ils ont des signes minimes d'infection sans qu'ils aient été au préalable faire un test PCR..je ne suis pas très fier.
    Ceux et celles qui nous ont manqué de respect depuis le début et encore actuellement en nous gardant éloigné de la vaccination sont toujours au pouvoir. Ce ne sont pas nos patients.

  • Michel MOENS

    13 mai 2021

    Les demandes de tests PCR pour les vacances ne sont PAS du ressort du généraliste. Accepter de rédiger de telles demandes sous la pression des patients qui en espèrent la gratuité, c'est rédiger des FAUX EN ECRITURE. La production d'un code de dépistage PCR n'est possible que si le généraliste déclare que le patient est à haut risque ou malade (cf les coches de l'eform). Personnellement je refuse et j'explique le pourquoi aux patients qui le comprennent en général. Il est, en effet, pas normal que la société paye ces tests au départ, et même au retour ..., des vacances d'une minorité qui peut se les offrir. Par ailleurs, je trouve scandaleux que le secrétariat de certains laboratoires conseille aux patients, étonnés de certains prix pratiqués, de se tourner vers leurs généralistes pour obtenir des test gratuits.
    Ceci dit, le gouvernement lui-même encourage la tricherie. Le patient peut court-circuiter le généraliste pour obtenir un test remboursé. Sur la plate-forme testcovid.be, il peut se déclarer malade au lieu de cocher 'J'achète un test ...' . L'occasion fait le larron ... Dr M Moens

  • Marc VERMEULEN

    13 mai 2021

    Merci à toi.

  • François BERNAERTS

    13 mai 2021

    En effet, comment se fait-il que nous nous attaquons pas davantage à cette absurdité actuelle qu'est le numérus clausus ? Nous recevons quasiment tous les jours des appels de personnes en recherche désespérée d'un MT auxquels nous devons rejeter cruellement la demande étant déjà surchargés. La moyenne d'âge est de 55 ans. On court à la catastrophe. Dr Bernaerts