Intelligence Artificielle: l’“opportunité” de la santé

Que peut espérer la petite Belgique sur la scène mondiale de l’IA? Quels domaines sont potentiellement les plus porteurs, ceux où la Belgique, ses chercheurs et entrepreneurs, ont le plus de chances de marquer leur empreinte? Ce sera l’un des objectifs du projet “Lighthouse” du groupe de travail AI4Health de la coalition AI4Belgium. Le Dr Giovanni Briganti, coordinateur du groupe de travail AI4Health l'explique sur le site de Regional IT

C’était la démonstration que voulait faire l’atelier AI4Health lors de la semaine européenne de l'IA, arguant que la Belgique a en mains des arguments probants: des compétences pointues en biotechnologie, la présence de grands acteurs du pharma sur le territoire, des chercheurs réputés, des start-ups somme toutes nombreuses sur le terrain de l’e-santé, le fait que la Belgique soit parmi les trois premiers pays européens à s’être engagés dans un processus de remboursabilité de dispositifs médicaux/e-santé (même s’il faut encore franchir une étape – majeure – en la matière)…

Autant d’ingrédients qui peuvent servir de socle et de tremplin pour une stratégie IA en santé. En principe. A condition toutefois de faire évoluer les choses, de structurer encore davantage l’“écosystème”, d’accélérer du côté sensibilisation et formation (que ce soit celles des professionnels de santé ou des simples citoyens).

Ce sera l’un des objectifs du projet “Lighthouse” du groupe de travail AI4Health de la coalition AI4Belgium. Parmi les chantiers auxquels ce projet devra s’attaquer, le Dr Giovanni Briganti, coordinateur du groupe de travail AI4Health énumérait les suivants: “Coordonner le développement de solutions, en favorisant notamment les tests et la coopération entre hôpitaux afin de démontrer la valeur ajoutée des projets IA en santé. Accélérer l’implémentation de l’IA notamment par les hôpitaux et, d’une manière générale, par les institutions de soins. Ce qui suppose d’évoluer en matière de remboursement, un élément qui demeure l’un des défis. 

Jeter les bases d’une gouvernance des données de santé, en la faisant évoluer en fonction des défis sociétaux rencontrés. C’est là un élément essentiel pour passer à l’étape de projets concrets.

Apporter un support structuré aux institutions de soins. Former les professionnels de santé, en Belgique mais aussi à l’échelle européenne, pour les sensibiliser aux potentiels de l’IA en santé. Résoudre les problèmes éthiques et légaux liés à l’IA médicale”.

Pour Thierry Geerts, directeur général de Google Belgique, notre pays a en effet en mains de nombreux arguments mais l’approche demeure trop ancrée dans les réflexes du passé, dans l’alignement d’arguments qui freinent les avancées. A ses yeux, il faut se défaire de cette “old fashion way” de concevoir les solutions de santé. “Nous devons revoir nos batteries, notre approche”. Et, ajoutait-il, il faut aussi attirer les talents venus de l’étranger.

De son côté, Sébastien Deletaille, co-fondateur de la start-up Rosa, soulignait qu’“il faut savoir quel type d’IA on veut [en santé]. Veut-on s’en servir uniquement pour optimiser les systèmes existants ou pour de réelles transformations? C’est là un élément essentiel pour déterminer comment la Belgique compte “viser la lune”. Autres conditions sine qua non à son avis: “briser les silos de données santé et imaginer des systèmes d’incitants pour récompenser l’utilisation de l’IA.”

La nécessaire collaboration entre hôpitaux (ou institutions de soins) qu’évoquait le Dr Giovanni Briganti figurait également dans les conditions évoquées par Kevin Françoisse, directeur de la start-up Sagacify (spécialisée en IA): “en matière d’IA en santé, il s’agit d’évoluer vers du federated learning en mettant plusieurs hôpitaux ensemble – même s’il est difficile de rendre ou de disposer de données interopérables…”

Un écueil que relevait également Frédéric Lambrechts, directeur en charge du développement commercial chez Osimis. A ses yeux, l’interopérabilité et, surtout, l’intégration des données et des systèmes ou solutions d’IT médicale sont plus que jamais essentielles au vu de la multiplication des solutions et dispositifs, en ce compris ceux basés sur l’IA. “Avec l’augmentation sensible du nombre de nouvelles solutions, les risques de fuite ou de vulnérabilité des données augmentent, de même que les problèmes d’intégrité des données”. Ce qui, évidemment, au-delà des problèmes de sécurité et de confidentialité, n’augure rien de bon pour l’efficacité et la pertinence des résultats générés par les algorithmes…

Autre défi à relever, selon lui, une “intégration en profondeur” des solutions IA – notamment dans le domaine de l’imagerie médicale, qui est la spécialité d’Osimis – avec les flux cliniques, afin d’éviter que ces solutions impliquent une surcharge de travail pour les professionnels de soins, les privant de temps alors qu’elles sont justement sensées leur en faire gagner…

Lire aussi: #AI4Hospitals workshop: AI4Belgium veut coacher les hôpitaux belges à l’IA (webinar 14.03)

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