Des chercheurs identifient des facteurs contribuant à la transmission du virus de Lassa

La température, les précipitations et la présence de zones de pâturage sont des facteurs clés contribuant à la transmission du virus de Lassa. C'est ce qu'il ressort mardi d'une étude internationale publiée dans la revue Nature Communications et dont l'auteur principal est Simon Dellicour, du service d'Epidémiologie spatiale de l'Université libre de Bruxelles (ULB). Les zones propices à la propagation du virus pourraient en outre s'étendre de l'Afrique de l'Ouest à l'Afrique centrale et orientale au cours des prochaines décennies.

Le virus de Lassa est un virus "zoonotique", qui se transmet à l'homme à partir d'autres animaux. Dans ce cas, le responsable est le rat plu rimammaire du Natal, très probablement par le biais de ses excréments, expliquent les chercheurs.

Si 80% des infections sont légères ou asymptomatiques, les autres cas sont en revanche plus graves, avec des symptômes pouvant inclure des hémorragies buccales et intestinales, une pression sanguine basse, et une perte auditive potentiellement permanente. Le taux de mortalité des patients hospitalisés est généralement élevé, atteignant parfois 80%.

D'après les chercheurs, plusieurs centaines de milliers d'infections se produisent chaque année, principalement au Nigeria et dans plusieurs autres pays d'Afrique occidentale, et il n'existe pas de vaccin approuvé ni de traitement médicamenteux efficace.

Bien que le principal réservoir animal du virus soit connu, le virus de Lassa ne se propage que dans certaines zones où ces animaux sont présents, constatent les scientifiques, qui s'appuient sur plusieurs décennies de données environnementales. D'après eux, il est donc possible que les facteurs environnementaux contribuent également à déterminer les zones où une transmission virale importante peut se produire.

Les chercheurs ont estimé quelles zones d'Afrique étaient propices à la transmission du virus de Lassa à l'heure actuelle, mais aussi dans les décennies à venir. Si leurs estimations des zones actuellement propices correspondent bien aux zones endémiques connues en Afrique de l'Ouest, celles pour les dizaines d'années à venir suggèrent par contre une expansion potentiellement importante de l'étendue de la niche écologique du virus, à la fois à l'intérieur et au-delà de l'Afrique de l'Ouest. Il est ici question de l'Afrique centrale, notamment le Cameroun et la République démocratique du Congo, et même de l'Afrique de l'Est, en Ouganda.

La population d'Afrique connaît en outre actuellement une croissance rapide. Le nombre de personnes potentiellement exposées au virus pourrait dès lors passer d'environ 92 millions aujourd'hui à 453 millions en 2050 et à 700 millions en 2070, soit une augmentation de plus de 600%, alertent les chercheurs.

La dispersion du virus est toutefois assez lente, constatent-ils, et sa propagation dans de nouvelles zones écologiquement appropriées au cours des prochaines décennies pourrait donc ne pas aller trop vite, ce qui pourrait faciliter le contrôle d'une telle propagation.

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