Inquiétude sur la situation financière des hôpitaux

L’enquête montre aussi que deux tiers (65%) des personnes interrogées estiment que l’accessibilité sera réduite.

Alors que la situation de certains hôpitaux est aujourd’hui précaire, près de 36% des personnes interrogées pensent qu’après la formation des réseaux, la situation financière des hôpitaux pourrait se détériorer et 41,9% qu’elle restera inchangée (Question 8). «Il est bon qu’une grande majorité de médecins se préoccupent de la capacité financière. Je pense que la même réflexion concerne la plupart des directions d’hôpitaux et des gestionnaires. Tant que le cadre réglementaire n’est pas clair et ne fournira pas les garanties nécessaires, cela continuera d’exister», déclare Rudy Poedts, PDG de l’hôpital Sint-Franciscus et directeur de nombreux autres établissements de santé. En outre, les deux tiers (65%) des personnes interrogées estiment également que l’accessibilité sera réduite. Enfin, les trois quarts des répondants pensent que les réseaux vont entraîner des fusions au fil du temps. «Il faut entendre les craintes des médecins. Ils sont face à de nombreuses incertitudes. Il s’agit d’une vraie réforme comme il n’y en a plus eu depuis les années 60 et cela crée de l’anxiété. Certains changeront peut-être d’employeur, d’autres aspirent à une meilleure qualité de travail... Les interrogations individuelles sont nombreuses», explique le Dr Philippe Devos, président du Conseil médical du CHC de Liège.

Pour Jacques de Toeuf, vice-président de l’Absym, ces tensions permettent d’avancer: «La réflexion sur le monde hospitalier doit évoluer. On quitte le système où chaque médecin est concurrent de l’autre pour avoir un bout de subside dans son hôpital. Les médecins doivent en avoir conscience. Ils entrent dans une nouvelle ère. Ils intègrent un système coopératif où ils misent encore plus sur le travail en équipe et le bien-être collectif. Toutes ces évolutions auront notamment des impacts positifs sur la gestion des gardes et des vacances».

Les médecins veulent partager

Si la thématique des réseaux hospitaliers n’a pas toujours bonne presse chez les médecins, la moitié des répondants sont pourtant convaincus de l’importance des réseaux hospitaliers. Ils sont conscients que leur travail va évoluer. Actuellement, seulement un tiers des personnes interrogées réfère ses patients à des collègues dans d’autres hôpitaux du réseau, mais cette «culture» va se développer (Question 7). Pourtant, près de six médecins sur dix ne pensent pas qu’ils seront plus et mieux «en connexion avec leur collègue» dans un réseau hospitalier. «Les mentalités changent. Les jeunes médecins cherchent à travailler en équipe et à plus partager leur travail. Ils vont rapidement intégrer les avantages des réseaux», explique Benoît Debande. Un avis partagé par Pascal Mertens: «Je vois que les jeunes médecins souhaitent travailler en équipe et insistent sur le bien-être au travail. Ils ont aussi une volonté de s’hyperspécialiser pour certains».

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Les résultats de cette enquête sont le fruit d’une collaboration entre Le Spécialiste et Zorgnet-Icuro. Sous le titre «Réseaux hospitaliers: menace ou opportunité pour le médecin hospitalier?», ils s’inscrivent dans le cadre du mémoire de Hilde Van Kerckhoven pour l’obtention d’une maîtrise en gestion et politique de la santé. Superviseur: Pr Dominique Vandijck (Faculté de Médecine et des Sciences de la Santé, UGent). 836 médecins néerlandais (63,3%) et francophones (36,4%) ont répondu au questionnaire de mars à juin 2018. L’échantillon était composé de 35% de femmes et de 65% d’hommes répartis de manière égale dans toutes les catégories d’âge.

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