La composante médicale de l'armée va prendre livraison d'ici janvier d'un nouvel hôpital de campagne "mobile" et "modulaire" capable d'être déployé lors d'opérations à l'étranger et qui remplacera celui qui a fait ses preuves durant plus de deux ans au Liban dans le cadre d'une mission onusienne jusqu'à en devenir obsolète, a-t-on appris de sources militaires.
Le ministère de la Défense a acheté en décembre, pour un montant de douze millions d'euros, cet hôpital qualifié de "rôle 2" dans la terminologie de l'Otan, avec une capacité d'intervention chirurgicale lors de missions menées par l'Otan, l'Union européenne ou l 'ONU.
Il s'agit d'un module de base, appelé "Rôle 2 Basic", auquel peuvent s'ajouter des modules supplémentaires pour répondre à l'exigence d'"Enhanced", a expliqué le responsable du projet, le lieutenant Régis (nom de famille tu pour des raisons de sécurité), lors d'une visite mercredi du ministre de la Défense, Philippe Goffin, à une unité de la composante médicale de l'armée, le 5e élément médical d'intervention (EMI 5) de Nivelles.
C'est le consortium franco-anglais UTILIS-G3S qui a remporté le marché. Il doit livrer les différents modules entre ce mois de septembre et janvier 2021. La livraison a été en partie avancée en raison de la crise du Covid, a ajouté cet officier issu de la composante médicale mais affecté à la Direction générale des Ressources matérielles (DG-MR) de la Défense.
Un hôpital de campagne (ou "Role 2 Medical Treatment Facility", MTF) est considéré comme "basic" lorsqu'il est en mesure d'effectuer des interventions chirurgicales vitales dans une configuration semi-mobile et qu'il est constitué d'au moins sept modules de base abrités par quatorze tentes. Il couvre alors une surface de 45 par 43 mètres.
Il compte 53 tentes dans la configuration et occupe alors une surface au sol de 110 mètres sur 67, selon le lieutenant Régis. Il peut alors accueillir seize patients grièvement blessés qui peuvent y être opérés par deux équipes chirurgicales par 24 heures. Différentes capacités s'y greffent: un module dentaire, un module d'isolement en cas de maladies infectieuses (Ebola ou Covid-19), un module de soins de santé mentale, un laboratoire et un module de physiothérapie.
Dans la terminologie de l'Otan, un hôpital de campagne est "une capacité de réponse chirurgicale initiale" dotée de bloc(s) opératoire(s). Il se situe entre le "rôle 1" (un poste d'infirmerie renforcé) et le "rôle 3" (un hôpital complet avec une véritable capacité chirurgicale, comparable à un établissement civil) - le nec plus ultra en milieu militaire, déployé par les grands pays lors d'opérations militaires dans des pays dépourvus de structures hospitalières adéquates, comme l'Afghanistan ou le Mali.
Le futur "rôle 2" de la composante médicale atteindra sa capacité opérationnelle initiale (IOC) en 2022 et sa capacité opérationnelle complète (FOC) en 2026.
Il remplacera l'hôpital de campagne que la Belgique a fourni durant deux ans et demi (octobre 2006-février 2009) à la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) et dont le matériel a souffert de ce déploiement plus long que prévu - une durée initiale de six mois, susceptible d'être portée à un an, a rappelé le "patron" de la composante médicale, le général-major Pierre Neirinckx.
Cet hôpital avait parfois été comparé au MASH ("Mobile Army Surgical Hospital") immortalisé par une série télévisée américaine dépeignant les aspects médicaux de la guerre du Vietnam.
Le consortium franco-anglais UTILIS-G3S est aussi, contractuellement, tenu d'assurer le soutien opérationnel, technique et logistique pour toute la durée de vie du matériel y compris en zone de déploiement.