L'agence du médicament italienne (AIFA) a décidé lundi "à titre de précaution et de manière temporaire d'interdire l'utilisation du vaccin AstraZeneca sur tout le territoire national", indique-t-elle dans un communiqué. L'AIFA prend cette mesure dans l'attente d'une décision de l'Agence européenne des médicaments (EMA). Cette dernière a, par ailleurs, ouvert une enquête "accélérée".
Le pays avait d'abord suspendu des lots isolés du vaccin de la firme anglo-suédoise, en raison de craintes liées à la formation de caillots de sang. Mais la région du Piémont (nord-est de l'Italie) avait annoncé dimanche avoir repris les v accinations AstraZeneca, en excluant toutefois par précaution un lot, après la mort d'un enseignant vacciné la veille.
Depuis une semaine, plusieurs pays ont suspendu la vaccination au moyen du produit développé par AstraZeneca après de graves problèmes sanguins chez des personnes vaccinées. Mais rien n'indique un lien de cause à effet et les annonces des autorités de santé divisent les professionnels.
L'Autriche avait lancé le mouvement le 8 mars en suspendant un lot de vaccins après la mort d'une femme de 49 ans qui venait de recevoir une dose d'AstraZeneca. Cette infirmière est décédée à cause d'une mauvaise coagulation sanguine.
Ensuite, d'autres pays, dont l'Italie, avaient dans un premier temps suspendu des lots isolés.
Plusieurs pays scandinaves - Danemark, Norvège, Islande - sont allés plus loin en interrompant l'usage de tous les vaccins AstraZeneca, suivis dimanche par les Pays-Bas et lundi par la France et l'Allemagne.
"De nouveaux approfondissements sont actuellement en cours. L'AIFA, en coordination avec l'EMA et d'autres pays européens, examinera tous les événements qui ont été signalés à la suite de vaccinations", a ajouté lundi l'agence italienne des médicaments.
Une source du ministère de la Santé a précisé que cette décision de l'AIFA est intervenue après une réunion entre le chef du gouvernement Mario Draghi et le ministre de la Santé Roberto Speranza. Ce dernier avait contacté dans la journée ses homologues d'Allemagne, de France et d'Espagne, selon la même source.
"Les choix faits et partagés aujourd'hui par les principaux pays européens sur AstraZeneca l'ont été uniquement à titre de précaution, dans l'attente de la prochaine réunion décisive de l'EMA. Nous sommes confiants que l'agence européenne pourra clarifier définitivement la question déjà dans les prochaines heures", a affirmé M. Speranza dans un communiqué.
L'agence européenne des médicaments a annoncé lundi qu'elle rendrait un avis jeudi sur l'utilisation de ce vaccin.
De son côté, le groupe pharmaceutique anglo-suédois affirme qu'il n'y a "aucune preuve de risque aggravé" de caillot sanguin entraîné par son vaccin, tandis que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu'il n'y a "pas de raison de ne pas utiliser" ce vaccin.
La décision du suspendre le vaccin d'AstraZeneca représente un nouveau coup dur pour le plan de vaccination du pays, alors que l'Italie a enregistré plus de 102.000 morts depuis le début de la pandémie. La volonté du nouveau gouvernement de Mario Draghi est de vacciner 80% de sa population d'ici octobre, et de monter en puissance sur les vaccinations pour arriver à 500.000 personnes par jour à partir de la mi-avril, contre près de 170.000 actuellement. L'Italie a administré à ce jour plus de 6,7 millions de doses mais seulement 2 millions de personnes ont reçu les deux doses nécessaires pour être protégées.