Et si c’était de la violence entre partenaires?

Garder à l’esprit l’éventualité ‘violence conjugale’, face à des plaintes aspécifiques, à un patient en mal-être. C’est, pour faire bref, l’exhortation majeure d’une matinée thématique programmée par la SSMG début mai. Outre la détection précoce des violences au sein du couple par le MG, on y abordera l’attention à porter aux enfants qui y sont exposés. C’est là l’un des angles neufs d’une recommandation de bonne pratique fraichement actualisée et validée, qui sera présentée le jour J.

La sociologue Anne-Marie Offermans se penche depuis 15 ans sur les violences familiales. Elle travaille avec le CUMG de l’ULB et la cellule violences conjugales de la SSMG. «Nous avons revu et actualisé la recommandation de bonne pratique à ce propos, élaborée en 2006 par Domus Medica. C’est autour de ce nouvel outil, validé en mars par le Cebam, que la manifestation du 5 mai va s’articuler

Ce que vise essentiellement cette matinée studieuse qui se tiendra à l’Institut de pathologie et de génétique de Gosselies, c’est d’allumer dans l’esprit des MG une petite loupiote qui clignotera constamment: «mon patient, ma patiente, ne serait-elle pas victime de violences de son conjoint?». De fait, la nouvelle recommandation fait la part belle à la détection précoce, indique la sociologue. «Les violences entre partenaires sont des problématiques psychosociales fréquentes et, comme les autres formes de maltraitance, elles demeurent un tabou tant du côté des victimes que des médecins. Il faut prendre conscience que nombre de patients concernés sont dans la banalisation voire le déni; ils ont des attitudes ambivalentes. Le généraliste doit garder à l’esprit l’éventualité de violences au sein du couple car les plaintes seront polymorphes et aspécifiques, et il risque de passer à côté de situations qui ne seront découvertes que plus tard, alors qu’elles seront enkystées et que la prise en charge s’en trouvera complexifiée.» Pour notre interlocutrice, la démarche diagnostique n’a rien d’imprenable ni de trop chronophage en pratique quotidienne. Il s’agit d’aller «un pas plus loin, avec 2-3 questions supplémentaires à soulever. Mais il faut avoir une certaine sensibilité à la matière, une certaine formation. Un médecin formé détecte 4 à 5 fois plus de cas.»

L’un des éléments neufs de la recommandation par rapport à sa version initiale, précise encore Anne-Marie Offermans, c’est d’être également attentif aux enfants des couples concernés: «la littérature montre que les violences conjugales ont des conséquences graves pour ceux-ci, par exposition à un stress chronique. Il y a par exemple un impact sur leur développement à l’adolescence ainsi qu’un risque de reproduction, à l’âge adulte, des comportements dont ils ont été témoins

La Grande Journée SSMG s’attachera aussi aux interventions les plus efficaces à mettre en œuvre, aux types de prise en charge vers lesquelles orienter le patient. «On va évoquer les services référents, les ressources qu’a le MG, avec notamment une représentante de la Plateforme violences conjugales du Hainaut. On discutera également, avec une juriste, de secret partagé dans le cadre d’un travail en réseau.» Le programme inclut enfin un exposé sur les violences sexuelles en médecine générale.

Infos pratiques et inscription (attendue avant le 25 avril) sur le site de la SSMG.

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