Après 20 mois de crise COVID le stress chronique continue de menacer les soignants (Sciensano)

Après 20 mois de crise COVID, les professionnels de l’aide et des soins ressentent toujours, dans une grande à très grande mesure, des symptômes de stress chronique. Ce stress persistant a un impact négatif sur leur bien-être. 28% des participants envisagent de cesser d’exercer leur métier. Le besoin de support s’avère également élevé.

C’est ce qui ressort de la quatrième enquête nationale ‘POWER TO CARE’ de Sciensano et de la KU Leuven, à laquelle ont participé 786 professionnels du secteur des soins de santé et du bien-être.

Entre le 21 septembre 2021 et le 4 octobre 2021, 786 professionnels de l’aide et des soins ont complété l’enquête en ligne sondant leur bien-être mental. La pression sur les personnes actives dans le secteur des soins et du bien-être est déjà élevée mais elle augmente encore lors de cette crise COVID. Mesurer leur bien-être est indispensable pour pouvoir donner suite à d’éventuels signaux d’alarme. 

Stress chronique et aigu

Pour une série de symptômes pouvant être la conséquence d’une pression accrue, les participants ont donné un score de 0 (jamais) à 10 (toujours) pour exprimer la mesure dans laquelle ils ont ressenti ces symptômes la semaine précédant l’enquête. Sciensano a ensuite analysé combien de participants ont donné un score élevé, de 7 ou plus, à ces symptômes. Cette analyse a fait apparaître qu’après 20 mois de crise COVID et même après que 97% ( des participants) ont été vaccinés, de nombreux professionnels de l’aide et des soins continuent de ressentir fortement les effets de ce stress chronique. 

En septembre 2021, les collaborateurs du secteur des soins et du bien-être participants ont rapporté les symptômes suivants, conséquence d’un stress chronique, comme étant fortement à très fortement présents (donc, avec un score de 7 ou plus) :

  • sentiment de fatigue (59% des participants)
  • être sous pression (55% des participants)
  • ne pas pouvoir se détendre suffisamment (41% des participants)
  • privation de sommeil (45% des participants)
  • troubles de la concentration (31% des participants).

Ces résultats en matière de stress chronique correspondent en grande partie à ceux des enquêtes ‘POWER TO CARE’ de juin 2021, mars 2021 et de décembre 2020. La présence de problèmes physiques liés à ce stress chronique reste aussi extrêmement alarmant en septembre 2021 :

  • douleurs musculaires et articulaires (37% des participants)
  • maux de tête (25% des participants)
  • problèmes d’estomac (19% des participants).

Les symptômes suivants, également liés à un stress aigu, sont présents à un degré plus élevé chez les participants en septembre 2021 :

  • hypervigilance : 31% des répondants ont donné un score de 7 ou plus (juin 2021 : 28%, mars 2021 : 32%, décembre 2020 : 38%, conditions normales : 24%) 
  • sentiments d’anxiété : 17% des répondants ont donné un score de 7 ou plus (juin 2021 : 14%, mars 2021 : 17%, décembre 2020 : 27%, conditions normales : 12%). 

Les deux symptômes de stress aigu, et de ‘sentiments d’anxiété’ en particulier, ont été rapportés à un degré plus élevé par les répondants de decembre 2020 que par ceux des enquêtes suivantes. La vaccination des professionnels de l’aide et des soins peut expliquer cette différence. 

28% des participants envisagent de stopper leur activité

Sur le plan professionnel également, la crise du COVID-19 laisse des traces chez les professionnels de l’aide et des soins. En septembre 2021, 28% envisageaient d’arrêter d’exercer leur métier, contre 10% avant la crise. 22% des interrogés avaient ‘un sentiment d’isolement’, 57% ont rapporté avoir le sentiment de faire partie d’une équipe. Il est également frappant de constater que 20 mois après le début de la crise, à peine 35% des participants affirment pouvoir demander ‘suffisamment de soutien et d’accompagnement’. Pourtant, même après 20 mois, 45 % des professionnels de l’aide et des soins restent convaincus ‘qu’ils peuvent faire la différence’ grâce à leur travail.

La crise du COVID-19 entraîne donc un risque accru de départs.

Le besoin de support reste élevé

Le support reçu par les professionnels de l’aide et des soins est également un facteur de protection contre les conséquences d’une exposition à un stress aigu et chronique. L’enquête de septembre 2021 nous apprend ce qui suit en ce qui concerne le support :

  • Plus de 60% des professionnels de l’aide et des soins ont partagé leurs pensées et émotions avec leur partenaire, leurs collègues directs, leurs amis et leur famille dans la semaine précédant l’enquête et ils étaient satisfaits de cette interaction. 
  • 26% seulement des professionnels de l’aide et des soins ont partagé leurs pensées et émotions avec leur chef. 
  • Seule une petite minorité a fait appel à son propre médecin généraliste (9%) ou à un psychologue ou à un autre professionnel (7%).
  • Plus que la moitié des professionnels de l’aide et des soins a indiqué avoir certainement ou probablement besoin du soutien de son chef dans le futur. Presque 1 sur 3 veut, à cet effet, certainement ou probablement faire appel à un psychologue, à un autre professionnel ou à son propre médecin généraliste. 

Chez les répondants de juin 2021, mars 2021 et de décembre 2020, on observait un besoin similaire de soutien pour le futur de la part du chef ou d’un professionnel psychosocial. Le fait que les professionnels de l’aide et des soins sont exposés depuis plus d’un an à un stress chronique a un impact négatif sur leur bien-être. Le besoin de support dans le contexte professionnel et en dehors reste donc élevé pour les professionnels de l’aide et de la santé. 

> Consultez tous les résultats de la quatrième enquête ‘POWER TO CARE

L’enquête POWER TO CARE est le successeur national du baromètre ZorgSamen, dont 4 éditions ont eu lieu en Flandre. Elle est une initiative de Sciensano et de la KU Leuven avec pour partenaires Zorgnet-Icuro, Steunpunt Geestelijke Gezondheid/Te gek!?, Santhea, UNESSA et GIBBIS.

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